The popular Duke Ellington (RCA Gold Series)

Duke Ellington

par Jean-Jacques Geneves le 23/04/2002

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Mood indigo


Même si l'on possède déjà vingt versions de tous ces grands standards (de "Caravan" à "Take the "A" train" en passant par la "Black and tan fantasy"), cette réédition vaut largement le détour, et pour plusieurs raisons. La qualité du son d'abord, exceptionnelle pour l'époque (1966), meilleure et de loin que tout ce que Duke Ellington avait pu enregistrer jusque-là, grâce à l'utilisation des dernières innovations qui commençaient à envahir les studios, ainsi qu'à la présence d'un ingénieur du son à la hauteur (Dave Hassinger, qui plus tard s'illustrera sur d'autres registres, aux manettes derrière "December's children" et "Aftermath" des Rolling Stones et producteur des Electric Prunes). Ensuite, on y entend le Duke jouer vraiment, chose assez rare dans ce contexte d'un big band de quinze musiciens : longues intros, interludes, solos, le maître est en pleine forme, il se déchaîne et... s'amuse, de toute évidence, comme le reste de l'orchestre (Cootie Williams, Lawrence Brown, Jimmy Hamilton, Johnny Hodges, Russel Procope, Paul Gonsalves, Harry Carney et Sam Woodyard entre autres sont présents à cette session, ceux-là même qui furent pendant des années les fidèles piliers de l'orchestre du Duke). Enfin, chose extrêmement agréable, Ellington et ses hommes nous mènent en bateau : les arrangements et les interprétations de ces thèmes joués et archi-rejoués (et entendus) sont remplis de (bonnes) surprises et d'une étonnante fraîcheur. Un seul morceau 'nouveau', "The twitch", enregistré ici pour la première fois, un petit joyau de blues qui rappelle combien Duke Ellington était proche de Charles Mingus. A noter un dernier détail, mais d'importance, l'absence de tout vocaliste au long de cet enregistrement. Bref, un album qui comblera tout aussi bien les fans et les connaisseurs de l'univers du Duke que ceux qui le découvriraient à cette occasion.