Watch the fireworks

Emma Pollock

par Jérôme Florio le 10/09/2007

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
You'll come around


Pour son premier disque sous son nom, Emma Pollock voudrait-elle nous en mettre plein la vue ? La lassitude avait eu raison des Delgados en 2005, fatigués de produire des disques de mieux en mieux réalisés qui ne rencontraient pas de public. Son groupe ramassé par la voiture-balai, Emma tente l'échappée solo et fait son numéro avec brio.

Avec leur nom emprunté au coureur vainqueur du Tour de France 1988, les écossais n'ont jamais quitté le peloton des outsiders pop au charme provincial - il est vrai que Pedro Delgado, lui, s'était un peu aidé de substances prohibées. Rock et cyclisme, deux eldorados du doping… Emma Pollock a choisi : ce sera le songwriting. Ses qualités naturelles devraient lui permettre de faire la course en tête à l'avant du peloton indie-pop, d'autant qu'elles ne sont pas des plus partagées : la voix se charge de gravir les cols mélodiques, et le soin apporté à la dynamique des compositions montre un talent d'architecte pop qui donne ses lettres de noblesse au genre. Le tout sans oublier la variété, de l'acoustique "Adrenaline" à la pop jingle-jangle à guitares carilonnantes, en passant par des textures plus ouatées et électro ("Here comes a heartbreak", qui peut rappeler Broadcast ou les régionaux de l'étape Arab strap).

Même si l'accompagnement sert souvent de porteur d'eau très classique (un peu comme chez Morrissey, en plus fin), cela n'empêche pas les chansons d'être accrocheuses ("Paper and glue", "Acid test"). Ce n'est qu'aux deux tiers du disque qu'un petit coup de pompe se fait sentir, avec les néanmoins bons "Residue" et "Fortune" qui n'ont contre eux que de ne pas renouveler le propos. C'est l'arrivée en côte qui nous réserve le meilleur : "You'll come around", petite perle pop, concentré d'émotion de trois minutes qui serre et libère en même temps, que l'on se repassera en (grande) boucle. Après un si bel effort, "The optimist" conclut sur une note instrumentale déliée, étirée, au potentiel plus étrange.

"Watch the fireworks" est un disque solide et classique, un peu seul dans sa catégorie de nos jours : pas vraiment dans l'air du temps, il n'aidera pas Emma Pollock à changer radicalement d'image et d'exposition médiatique. Faisons en sorte que "Watch the fireworks" ne soit pas un bouquet final.