L'ange Pasolini

Eric Liberge

par Francois Branchon le 26/05/2025

Note: 9.0    

Synopsis :
Novembre 1975. Attiré dans un guet-apens sur la plage d'Ostia près de Rome, Pier Paolo Pasolini, 53 ans, est molesté et assassiné par une bande de garçons masqués. Agonisant dans ce no man's land, le plus pieux de tous les blasphémateurs voit paraître son ange. Le dialogue s'engage... À l'occasion du cinquantième anniversaire de sa disparition, un portrait introspectif, lyrique et ciselé du scandaleux poète, polémiste et cinéaste italien, auteur de "Théorème", "Porcherie", "Salò" et autres chefs-d'oeuvre du 7ème art.


Notre avis :
L’assassinat de Pier Paolo Pasolini par de petits malfrats intégristes religieux et fanatiques anti-communistes, est montré d'entrée dans sa froideur et abominable cruauté grâce à un dessin saisissant. Un début d'ouvrage qui prend à la gorge et il n'y aura pas de pause, à l'horreur des premières pages succédant un malaise permanent tout au long du récit.

Un récit en effet profondément malaisant, tant l'histoire du poète-cinéaste, formidablement détaillée ici (une vraie biographie) laisse en permanence la sensation d'un drame à venir. La vie de l'homme et de l’artiste sera faite de critiques, de moqueries, de crachats, de procès, de prison... Le dessin, toujours lui enveloppe tout d'atmosphères grises, noires, hostiles, pesantes, scènes familiales légèrement mises à part (avec sa mère-refuge, son frère adoré tué d'entrée pendant la guerre), qu'aucun rayon de soleil ne parvient à percer.

Ceux qui ont aimé, voire adoré les oeuvres de Pasolini (du réaliste "Accatone" avec son acteur fétiche Franco Citti à "Salo", via "Theoreme" et son Christ visitant une famille pour coucher avec le père, la mère le fils et la fille - couronné d'un ahurissant Prix de l'Office catholique en 1968 ! -, la trilogie es-débauche "Decameron", "Contes de Canterbury", "Les mille et une nuits" - ce dernier prix du Jury à Cannes) tomberont encore de plus haut, tant ces oeuvres que l'on devine en filigrane célébraient les plaisirs, ces plaisirs que la société bien pensante italienne s'acharnait à lui reprocher dans sa vie personnelle.

L'artifice de la rencontre entre Pasolini et son ange était peut-être dispensable, sans pour autant nuire à l'histoire.
Une BD remarquable.