Depuis quelques
années, les origines du hip-hop connaissent un engouement,
notamment par le biais de la bande-dessinée avec la série "Hip-hop
family tree" d'Ed Piskor (Editions Papa Guédé). Aujourd'hui, le premier tome de "Break une
histoire du hip-hop" est publié chez Steinkis, éditeur
français.
Le scénariste Cédric Liano, déjà remarqué pour "Amazigh"
(grand prix du festival d'Angers en 2014) et l'illustrateur Florian Ledoux
s’engagent dans une présentation synthétique des premiers pas de
ce courant culturel. On suit l’itinéraire de deux frères, Marcus
et Aron, dans le Bronx délabré des seventies, environnement aussi
hostile que créatif. Les personnages principaux sont fictifs, mais les
évènements vécus bien réels. Ainsi, tous les éléments
fondateurs du hip-hop se retrouvent au fil des pages,depuis les
blocks parties du jamaïcain Kool Herc au succès
radiophonique de "Rapper’s delight" (une arnaque pour les
acteurs du mouvement) sans oublier la Zulu nation d’Afrika
Bambataa et le blackout du 13 juillet 1977.
Les auteurs
insistent sur la forme pluridisciplinaire du hip-hop, trop souvent
réduit au rap, en retranscrivant aussi les premières évolutions
du breakdance, du graffiti (Florian Ledoux en est un passionné)
et du DJing. Deux écueils sont évités : tout d’abord, le
propos dépasse un cadre exclusivement social. Certes,
"Break" dépeint de manière poignante la vie dans le Bronx
entre les guerres des gangs, les incendies criminels et les bavures
policières mais il ne résume pas le hip-hop à une simple émanation
de son lieu de naissance. Ensuite, la bande dessinée n’est pas
purement explicative ; elle met en scène des personnages
attachants, déchirés entre leurs passions et leurs combats pour
survivre. C’est grâce à la relation des deux frères et leurs
drames personnels que "Break" tient en haleine et
suscite souvent l'empathie.
Très accessible
dans son propos et son dessin, parsemé d’idées ingénieuses (le
passage du noir et blanc morne aux couleurs vives quand il est
question de hip-hop étant la meilleure), "Break" traite
avant tout d'ouverture sur une altérité culturelle, celle d'un style et de ses acteurs, souvent mal comprise de l’extérieur et s'acquitte très bien de combler ces lacunes.
© Steinkis - Break, une histoire du hip-hop