Break - Une histoire du hip-hop

Florian Ledoux et Cédric Liano

par Alexandre Fuster le 20/09/2019

Note: 8.0    

Depuis quelques années, les origines du hip-hop connaissent un engouement, notamment par le biais de la bande-dessinée avec la série "Hip-hop family tree" d'Ed Piskor (Editions Papa Guédé). Aujourd'hui, le premier tome de "Break une histoire du hip-hop" est publié chez Steinkis, éditeur français.

Le scénariste Cédric Liano, déjà remarqué pour "Amazigh" (grand prix du festival d'Angers en 2014) et l'illustrateur Florian Ledoux s’engagent dans une présentation synthétique des premiers pas de ce courant culturel. On suit l’itinéraire de deux frères, Marcus et Aron, dans le Bronx délabré des seventies, environnement aussi hostile que créatif. Les personnages principaux sont fictifs, mais les évènements vécus bien réels. Ainsi, tous les éléments fondateurs du hip-hop se retrouvent au fil des pages,depuis les blocks parties du jamaïcain Kool Herc au succès radiophonique de "Rapper’s delight" (une arnaque pour les acteurs du mouvement) sans oublier la Zulu nation d’Afrika Bambataa et le blackout du 13 juillet 1977.

Les auteurs insistent sur la forme pluridisciplinaire du hip-hop, trop souvent réduit au rap, en retranscrivant aussi les premières évolutions du breakdance, du graffiti (Florian Ledoux en est un passionné) et du DJing. Deux écueils sont évités : tout d’abord, le propos dépasse un cadre exclusivement social. Certes, "Break" dépeint de manière poignante la vie dans le Bronx entre les guerres des gangs, les incendies criminels et les bavures policières mais il ne résume pas le hip-hop à une simple émanation de son lieu de naissance. Ensuite, la bande dessinée n’est pas purement explicative ; elle met en scène des personnages attachants, déchirés entre leurs passions et leurs combats pour survivre. C’est grâce à la relation des deux frères et leurs drames personnels que "Break" tient en haleine et suscite souvent l'empathie.

Très accessible dans son propos et son dessin, parsemé d’idées ingénieuses (le passage du noir et blanc morne aux couleurs vives quand il est question de hip-hop étant la meilleure), "Break" traite avant tout d'ouverture sur une altérité culturelle, celle d'un style et de ses acteurs, souvent mal comprise de l’extérieur et s'acquitte très bien de combler ces lacunes.





© Steinkis - Break, une histoire du hip-hop
Break, une histoire du hip-hop