L'estuaire du temps - Braises - Andromède

François-Bernard Mâche

par Hugo Catherine le 02/03/2007

Note: 8.0    

François-Bernard Mâche séduit parce que ses projets sont ambitieux. Prenez "Andromède", ses éclats multiples, ses envolées grandioses, ses tournis de voix, ses grands booms passagers, plus de trente minutes d'un voyage vingt-mille lieues sous les terres, quelque chose du ventre de cette Terre, comment ne pas s'y faire tout petit ?

L'univers de François-Bernard Mâche est merveilleux. Ainsi "L'estuaire du temps", création peut-être la plus aboutie, pousse la porte entrouverte de nos rêves. Bruits de grandes vagues, bruits de gros temps, grands mouvements irrépressibles d'onomatopées, et pourtant, nous ne prenons pas peur ; la texture sonore est claire et sublime : tel un marionnettiste d'étincelances, François-Bernard Mâche privilégie la candeur à la frayeur.

Les accents percussifs ancestraux donnent à entendre une certaine filiation avec Martin Saint-Pierre et son "Global vibration". D'apparence aléatoire, les rythmes de François-Bernard Mâche témoignent d'une vision aboutie de l'articulation entre mouvement et instant, atmosphère et brièveté. L'oreille du percussionniste se régale de la pureté de ses sonorités.

Si "Braises" reste assurément une sucrerie à grignoter sans rechigner, son essence plus déglinguée nous transporte moins. Plus communément free, "Braises" ressemble un peu à un dévergondage décapant mêlant rythmes transe et sonorités médiévales. Cette alliance improbable mérite le détour, tire dans tous les sens mais laisse un léger goût d'inachevé.

Malgré peut-être des créations qui traînent parfois un peu en longueur, l'album de François-Bernard Mâche, chiadé et bigarré, est une fatale fugacité.