BD Jazz N°14 (Dessinateur : Pedro Zamith)

Frank Sinatra

par Sophie Chambon le 27/12/2008

Note: 9.0    
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Retour sur le numéro de 2002, de la collection Bd Jazz de Nocturne, consacré à l'un des plus extraordinaires chanteurs de l'après-guerre, Frank Sinatra, encore surnommé "The Voice".
On doit ici la Bd au jeune dessinateur portugais Pedro Zamith, très original dans son graphisme, baroque, aux couleurs très vives, dont les jaunes, les verts, les rouges presque fluos, dénotent de façon criarde sa vision de "l'Americain way of life", bagnoles et cravates… L'épisode, très court, intitulé d'ailleurs "Une drôle d'histoire du jazz", relate le début de la carrière de Frankie quand il déchaînait l'hystérie à la radio au début des années quarante. Un personnage, le chanteur, sorte de Jim Carey tout de rouge vêtu, pantin déguingandé, se presse pour enregistrer en direct au studio et croise un tout jeune garçon qui rentre chez lui en courant pour écouter à la radio celui qui allait chanter plus tard "New York, New York, i want to be a part of it". Zamith bousculant en effet la chronologie.

La bande originale composée de deux Cd qui couvrent les années 1946 à 52,  correspond à une période fort agitée de la vie de "Blue eyes", alors amant d'Ava Gardner, qui connut avec "le plus bel animal du monde" une liaison tumultueuse. Le premier thème "The birth of the blues" est l'un des derniers titres gravés pour la firme Columbia ; puis on se régale avec "Body and soul” et “I've got a crush on you” où les interventions de Bobby Hackett à la trompette font merveille. Suivent encore des standards superbes conduits par Axel Stordahl et son orchestre, "Lover", "April in Paris", "When you're smiling”, “It's only a papermoon”, “My Blue heaven”, où selon la juste expression d'Alain Tercinet, "il réveille en fanfare les fantômes de la swing era". Le charme opère dès qu'il ouvre la bouche, Frank Sinatra séduit et la question pour nous ne se pose jamais de savoir s'il est un chanteur de jazz. Comme en 1946, à l'occasion de leur referendum, nous rejoignons les lecteurs de la revue Metronome pour déclarer que oui... Frank Sinatra admirait profondément Billie Holiday, et Miles Davis avouait avoir construit une bonne partie de son phrasé à partir des disques et enregistrements de Sinatra : un phrasé et une diction impeccables, une voix de velours, un swing irrésistible et nous n'en sommes encore qu'au début de sa longue carrière, bien avant la  formidable série des "Come fly with me" arrangés par Billy May…