L'odyssée

Fred Pallem et le Sacre du Tympan

par Cédric Antoine le 12/02/2019

Note: 7.0    

L'indéniable qualité des autodidactes - Fred Pallem a commencé la musique à quatorze ans - est de fatalement s'inspirer au premier chef des musiques qui ont bercé leur jeunesse, puis de manière permanente des influences qu'ils rencontrent. Pallem se tourne lui assez vite vers le jazz version Duke Ellington et Herbie Hancock. Après le conservatoire section jazz et l'écriture de musiques pour pièces de théâtre, il fonde le groupe "Le sacre du tympan", aux premières compositions résolument jazz classique, orchestral et de big-band qui détonnerait presque à l'heure actuelle face aux formations contemporaines de free-jazz plus expérimentales que musicales. Enfin, une Victoire de la Musique (2006) lui permit de fricoter avec la variété (Sansevérino, M, Sebastien Tellier), une ascension si rapide vers le mainstream qu'elle aurait pu faire craindre le pire.

Mais Fred Pallem est un petit malin car sous des dehors de déjà-vu "L'Odyssée" est tout sauf un attrape-nigaud. Et même si au départ on se demande si cet album est bien utile (sons déjà entendus, construction classique légèrement grandiloquente et surtout catalogue à hommages), il estremarquablement produit et arrangé (la  touche d'un Mark Ronson). Mais surtout, les références, non déguisées, sont parfaitement exploitées par les musiciens. Au-dessus de toutes, plane tout du long celle de John Barry, si bien que cette "Odyssée" aurait bien pu être la BO d'un James Bond. Citons aussi ce solo de guitare totalement floydien ("Astringent mouse trap"), le gainsbourien "Death and life of a suburban guy" et également les élans de Vladimir Cosma ("Death and life of a suburban guy") et sur le morceau-titre, "l'Odyssée", qui vire "Grand blond qui aurait rencontré B.B" après une intro digne des Who post "Tommy".

Fred Pallem réussit haut la main à rendre captivant, quasi addictif, un fourre-tout musical qui, sans sa maîtrise et son talent, aurait relevé du pudding indigeste. 



FRED PALLEM et LE SACRE DU TYMPAN Death and life of a suburban guy (Audio seul 2018)