Laid back galerie

Ginger Ale

par Filipe Francisco Carreira le 01/11/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Someday's another day
Happy house
Yoga and meditation


Formé à Paris un jour de pluie, Ginger Ale réunit Stéphane Bertrand et Jonathan Chaoul, deux musiciens-producteurs vibrant du même amour pour les mélodies pop et les rythmes dansants. Les deux compères ont manifestement écouté beaucoup de disques et surtout pris le temps d'assimiler leurs influences avant de réaliser un album sur lequel des invités parfois célèbres posent leur voix. Sur "Laid back", le chant canaille et robotique de Johan Asherton évoque l'impossible mutation d'Iggy Pop devenu Steve Austin et "Get along" doit sûrement son allure de classique reggae réadapté au simple fait d'être classieux. Si le trip-hop sournois de "Looking for my summer" et le funk glacé et décadent de "Tomorrow" participent à une impressionnante galerie de styles et expliquent par conséquent le titre de l'album, la principale surprise vient néanmoins des multiples références à la new wave des années 80 ! Ainsi "Someday's another day" rend un hommage sincère et émouvant aux Cure, porté par une basse profonde et sautillante, passage secret au bout duquel une mélodie belle comme une plage déserte éclate au grand jour. Dans le rôle de Robert Smith, Angèle David-Guillou, alias Klima, ferait voler en éclats les murs de Fort Boyard - pourquoi pas - mais préfère mettre à bas les inhibitions de l'auditeur, c'est mieux. "Wrong reasons" rappelle le rôle déterminant de New Order dans les rapprochements entre pop et électronique mais confirme également le savoir-faire du duo français : Ginger Ale ne se laisse jamais écraser par ses références, n'en prend que le meilleur et n'oublie jamais de danser, de s'amuser, construisant son identité à partir de ces choses si futiles et pourtant si importantes. Sa version irrésistible du "Happy house" de Siouxsie and the Banshees et son malicieux "If" avec un Étienne Daho décidément très inspiré par Gainsbourg prouvent que Ginger Ale peut tout faire. Et tout se permettre. A l'heure où le retour proclamé du rock se traduit le plus souvent par un recentrage qui exclue l'électronique, "Laid back galerie" réconcilie avec justesse et élégance écriture traditionnelle et sonorités futuristes. Et "Yoga and meditation" est tout simplement inoubliable.