Amber gambler

Gingerbread

par Filipe Francisco Carreira le 11/01/2004

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Do you really kill me
Kim Basinger


Pas facile de faire du rock en France.
Formé à Arras en 1993, Gingerbread a écumé les clubs et salles de concert de sa région avant d'aller chercher bonheur à l'étranger : Belgique, Hollande, Angleterre et Canada. Puis le groupe a, pour d'obscures raisons techniques, enregistré le même album deux fois avant que son label ne disparaisse.

C'est donc dans un grand soulagement que "Amber gambler" voit finalement le jour en mars 2003. "Do you really kill me", au titre boy-georgien, entre dans le vif : les guitares sont acérées, le rythme enlevé, le chant possède ce grain particulier qui trahit l'urgence et le désir. Gingerbread propose un rock de qualité, à la fois puissant et mélodique, aux refrains fédérateurs - "Try me" - puisant son inspiration du côté de l'Amérique des banlieues pavillonnaires, celles où on fait du bruit pour tromper l'ennui : Hüsker Dü, Lemonheads. La production, légère et quelque peu approximative, confère une esthétique lo-fi qui sied particulièrement à "Kim Basinger", une des plus évidentes réussites du disque : sa chaleur et sa fragilité rappellent le Sebadoh de Lou Barlow dans ses meilleurs moments. Seul bémol : ces "ouhouhouh" maladroits qu'une Kim Deal aurait lâchés avec plus d'à-propos. La seconde partie du disque voit le groupe fléchir néanmoins ; successivement à court de souffle ou d'inspiration, il peine à retrouver la formule gagnante des cinq premiers titres, à réunir le sens mélodique de "White city" et l'énergie de "Too late" ou "My obsession" dans un même morceau.

C'est paradoxalement une ballade, "Everyday", et un instrumental caché d'une saine pugnacité qui offrent à "Amber gambler" une fin digne de son entame. Aux dernières nouvelles, Gingerbread se serait séparé de son guitariste. Nul doute que le groupe, habitué aux galères, saura faire face à ce départ et rebondir.
Pas facile de faire du rock en France.