Entre ligne claire et ligne poudreuse, la pop accrocheuse des Girls fait mouche à plusieurs reprises. Christopher Owens et JR White affectent une attitude de branleurs qui ont réussi leur coup, sur un premier disque qui passe par-dessus tous les gimmicks comme par magie.
Il y a trois stations essentielles sur le disque. D'entrée de jeu "Laura", single évident qui se loge direct dans les oreilles grâce à des idées pas franchement neuves : un enchaînement couplet-refrain imparable (chant exalté, rythme haché à la "Jean Genie" de David Bowie), et alors que la chanson menace de tourner court, la fin planante oblige les shoegazers à arrêter de fixer leurs pompes pour admirer les étoiles dans les yeux des filles... A mi-parcours, "Hellhole ratface" répète deux phrases comme un mantra, et la sauce monte durant sept minutes avec clochettes, guitare surf, harmonies vocales... donc encore les Beach Boys, comme plus loin sur "Lauren Marie". Enfin, le dernier titre "Darling" est celui qui achève la touche "Repeat" de la platine Cd, une vraie ritournelle pop crève-coeur sur le mode "my life was saved by rock'n roll". A l'adolescence, Christopher Owens a trouvé la volonté de s'échapper de la secte des Children Of God, à laquelle appartenaient ses parents : comme le chantait Lou Reed, Christopher a été sauvé par le rock'n roll plutôt que par une grâce bidon.
Une écriture au final assez peu variée nous amène à penser que le flirt avec les Girls ne risque de durer que le temps d'un disque - une affaire d'un soir, où plaisir immédiat et nostalgie précoce se mêlent agréablement.