X actimo !

Glenn Ferris - Pentessence Quintet

par Sophie Chambon le 20/04/2006

Note: 8.0    

Depuis le remarqué "Skin me" sorti en 2004 (et couronné aux Victoires de la Musique en 2005), Glenn Ferris s'affirme comme leader du quintette Pentessence. Il continue son grand-oeuvre jubilatoire : ce nouvel album illustre le plaisir de suivre la mélodie, surtout quand elle invite à danser : un rythme chaloupé dès le premier titre éponyme, "X actimo !", ouvre sur un reggae qui souligne le beau travail de Philippe Milanta à l'orgue. "X actimo !" est la traduction phonétique du désir du plus français des trombonistes américains de jouer la musique qu'il aime, exactement : la plupart des compositions sont de Glenn Ferris qui s' installe au cœur du blues, avec l'aide d'une rythmique avertie et aguerrie, Jeff Boudreaux à la batterie et Bruno Rousselet à la basse. C'est là que sonne et résonne le chant velouté, soyeux de son trombone.

"Flying" est un titre proprement réjouissant qui emmène loin sur le versant d'un swing cuivré, d'un lyrisme intense auquel on s'abandonne. Si on n'était pas encore convaincu "Bluezin the blue" donnera des ailes... On pourra toujours nous rétorquer que l'album est trop long (douze compositions sur plus d'une heure) que l'on est en terrain bien trop connu, que l'on frôle une certaine routine comme dans "In my dream", si tant est que ce mot puisse s'appliquer au travail de ce chaleureux quintette, actif et interactif. On avait déjà dit tout le bien que l'on pensait de Pentessence, ou la quintessence d'un certain jazz. Car, assurément de jazz il est question, encore et toujours, le tromboniste célébrant cette musique dans ce qu'elle a de plus évident et lumineux. A la virtuosité d'une instrumentation judicieusement choisie - trombone et saxophone ténor (Jean-Michel Cabrol) chorussant hardiment, orgue majestueux, dominant tout cet album avec des accents délicieusement nostalgiques, section rythmique superlative - s'ajoute la sensualité des mélodies et rythmes qui peuplent l'imaginaire du tromboniste.

On ne change pas une équipe qui gagne. Donc Glenn Ferris insiste… et nous le suivons car nous aimons le souffle échappé du pavillon de son trombone, le fil de soie de son phrasé. Au final, il n'y a qu'à s'incliner devant ce musicien qui nous sert un jazz des plus roboratifs.