Gordon Giltrap - Portrait

Gordon Giltrap

par Jérôme Florio le 16/11/2020

Note: 7.0    
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Né en 1948, l’Anglais Gordon Giltrap est un musicien pour musiciens, un guitariste qui a connu un certain succès grâce à des disques de rock progressif à la fin des années 70. Bien qu’autodidacte, il a développé une technique folk impressionnante, ce qui lui a valu d’être associé très jeune à Bert Jansch, John Renbourn ou encore Stefan Grossman – tous légèrement plus âgés que lui, et tout autant musicologues qu’auteurs et chanteurs. Giltrap a ensuite versé dans une mouvance prog-rock assez tardive et très kitsch, jusqu’au new age et des disques de relaxation dans les années 80 et suivantes - le genre de trucs qui font regretter de ne pas être né sourd.

Cependant, "Gordon Giltrap" (1968) et "Portrait" (1969) s’inscrivent dans une veine folk plus qu’estimable. Ils montrent un jeune homme plein d’assurance, à la technique 6 ou 12 cordes affirmée, qui cherche un équilibre entre compositions instrumentales et chansons.

"Gordon Giltrap" présente des instrumentaux originaux en picking aux racines folk anglo-saxonnes ("Fast approaching", "Birth of spring", "Saturday night"). Sans en rajouter dans l’épate, ils visent parfois une rapidité à la limite du brouillon ("Wilderness", les harmoniques fusent dans tous les sens) et sont globalement moins géométriquement architecturés que ceux des Renbourn ou Jansch (avec qui il jouera et auquel il consacrera un disque). Sur ses chansons, Gordon donne le change et accède à une certaine consistance en essayant d'adopter un ton caustique ("Adolescent years", "Don’t you feel good").

"Portrait", paru quelques mois plus tard, creuse le même sillon. Tout au plus peut-on discerner une plus grande netteté dans la prise de son, ce qui rend le jeu de guitare très lisible. Il faut attendre "All characters fictitious" pour trouver un arrangement, ici simplement une flûte. La chanson "Thoughts in the rain" dévoile un côté plus sombre, avec Giltrap qui fait sonner sa 12 cordes comme un clavecin ; elle trouve un écho à l’autre bout du disque avec l’instrumental inconfortable "Confusion". "Lucifer’s cage" a des airs de "Battle of evermore" (Led Zeppelin, 1971). Les compositions commencent à s’allonger, on fait un peu joujou avec l'effet stéréo ; cà et là émergent des pointes de théâtralité encore maîtrisées, qui soutiennent bien le propos et l'interprétation.



GORDON GILTRAP Portrait (Audio seul 1969)


GORDON GILTRAP Thoughts in the rain (Audio seul 1969)