Random desire

Greg Dulli

par Jérôme Florio le 30/03/2020

Note: 9.0    

Après plus de trente-cinq ans de carrière en groupe (Afghan Whigs dans la décennie 90, les Twilight Singers celle d’après), Greg Dulli publie un premier disque sous son nom. On avoue être passé totalement à côté de la discographie du bonhomme né à Hamilton, Ohio (USA) : dans les années 90, ses Whigs n’évoquaient qu’un épais mélange grunge et de soul. Tout faux : "Random desire" est une totale réussite, et ne peut être le fait que d’un auteur essentiel.

"Sempre" et "Pantomima", toutes en tripes et guitares nerveuses d’entrée de jeu, raviront sans doute les fans de la première heure. Mais dès que Dulli prend le temps de se poser, il place "Random desire" sur une orbite qu’il ne quittera plus, malgré quelques turbulences. Construites autour d’un riff de guitare ou plus souvent d’une courte suite d’accords de piano, les chansons sont imprégnées d’un halo d'arrangements à la fois dense et atmosphérique qui sublime l'ensemble (guitares, électronique, claviers, cordes…). Greg Dulli est à la hauteur de sa réputation de chanteur intense, autant dans l’imprécation, la supplique (un falsetto très soul) que dans un registre plus sobre proche de la confidence.
Ce sont dans les titres mid-tempo que l’on sent battre le cœur du disque ("Marry me", "Scorpio", "It falls apart", "Random desire") ; un cœur vaillant qui sait aussi envoyer le sang pulser puissamment dans des veines qui n’accusent pas le poids des ans ("Black moon", "The tide").

Consistant et réalisé avec cohérence, "Random desire" est un genre de parfait disque de la maturité, avec ce poids humain que l’on attend de gens comme Bruce Springsteen par exemple.




GREG DULLI Marry me (Audio seul)



GREG DULLI The tide (Audio seul)



GREG DULLI It falls apart (Audio seul)