BOF La ligne rouge

Hans Zimmer

par Christophe Nicolaïdis le 10/12/1999

Note: 8.0    

Les films qui vous offrent une introspection si forte que vous en devenez accros sont rares. "La ligne rouge" de Terrence Malick, son troisième film après "Badlands" (1973) et "Les moissons du ciel" (1978), est une œuvre contemplative, une ode à la nature, un sentiment universel, comme une évidence. Avoir réussi à créer une musique pleine de puissance, de tristesse, d'espoir et d'amour vous donne la véritable mesure du pouvoir de l'art sur les êtres spirituels que nous sommes. Hanz Zimmer est un compositeur américain polymorphe ("Thelma & Louise", "Rain man", "True romance", "Un monde à part"), un éclectisme qui n'a pas eu que ses bons côtés ("Le prince d'Égypte", "Le pacificateur" ou encore l'exécrable "Drop zone"). Quand le sujet est tout simplement "la vie", la musique devient partie intégrante de l'histoire et pas seulement une illustration. Zimmer a ressenti le caractère sacré et l'urgence du message d'humanité de Terrence Malick. L'introduction de l'album "The corall atoll" résumerait à elle seule cette impression de "big bang" émotionnel : l'explosion, le calme et l'existence, comme un cycle de vie. "Journey to the line" appartient à ces instants magiques où le thème musical explore une palette de sentiments aussi large que la peur de la mort, l'attente et la folie. "Light" où le regard du personnage central du film change à jamais. Après le chaos, la paix, "God u tekem laef blong mi" rappelle certains chœurs du "Mission" de Roland Joffé. Pendant ses deux minutes de chant c'est l'espoir qui renaît, la vie est là partout, tout autour de nous, on pourrait même lui donner un nom quasi "divin". Hans Zimmer crée, par le biais de cette bande originale, un paysage fluide et souple où beauté et horreur se fondent, les timbres graves luttent contre les plus aigus, comme un hymne presque animal à l'immensité du paradoxe de la guerre.