The room

Harold Budd

par Frédéric Joussemet le 29/12/2000

Note: 8.0    

Depuis plus de vingt ans Harold Budd crée et expérimente sa musique, tisse patiemment une mousseline de sons. Avec Brian Eno, sur le label Obscure, il a été un des pionniers de l'ambient, mais contrairement à son célèbre confrère, l'instrument fétiche de Budd n'est pas un synthé mais un piano. Un piano flottant, bercé par les nuages de la réverbération, et s'il est parfois rejoint par d'autres instruments, un orgue ou un piano Fender Rhodes le plus souvent, c'est juste une aide pour le mettre en valeur. La pulsation, ou plutôt le tempo est proscrit des pièces de Budd. Tout est mouvance, étirement du temps vers son abstraction. Le silence est son soutien, il semble participer à l'interprétation, jusqu'à en devenir le principal exécutant, "The room of accidental geometry". Le dépouillement laisse toute la place aux perceptions, aux sentiments qui s'évaporent et s'entremêlent, troublent parfois. Dans ce nouvel album, chaque morceau - chaque "chambre" - est une humeur miniature. La désolation règne, "The room of stairs", l'espoir point, "The room alight"... Il faut se laisser aller, se perdre dans cet univers sans sol ni plafond, sans murs non plus. Ni même de repère... La somnolence de la musique d'Harold Budd est sa grande force - elle pénètre sans prévenir - mais c'est aussi ce qui la rend difficile. Si certains morceaux n'accrochent pas, ne parvenant qu'à meubler un peu l'ennui, d'autres, alchimie fonctionnant, sans exprimer de bonheur mais simplement une beauté poignante, sont très attachants, parvenant au coeur.