The cycle of the days and seasons

Hood

par Rodrigue Ducourant le 01/06/1999

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
The cliff edge of workaday morality


En direct de "Etiquetteland", planète parisienne où l'envie irrépressible et obsessionnelle de rapprocher quelques épiphénomènes musicaux pas forcément concordants fait naître de soi-disant mouvements musicaux à baptiser d'urgence (ouf !), voici le "Postkrautrockspace" ! On a vu pire au niveau du nom. Ce n'est pas une musique pour manger ses crottes de nez (quoique, certains dans un concert de Labradford...). Un OVNI arrive donc, avec aux manettes les frères Adams : des types qui suintent le jazz égrainé dans les contrées les plus reculées, sinon inconnues. Leurs instruments ont l'air d'être tout droit sortis de "Existenz" de Cronenberg : les guitares remuent très lentement du ventre, dévoilant par inadvertance des sarcomes sur le manche, la batterie peut surgir comme un rash cutané, le piano est anémique, les cuivres ronflent comme un appareil d'assistance respiratoire. Les violons grincent, jamais réellement guéris d'un ulcère à la vie, ou volent salement comme de grosses mouches sans repos. Hood créé le SMDA, "syndrome mélodio-déficiant acquis", une musique pour compter ses T4 devant la rediffusion nocturne du bulletin météo. C'est cette fenêtre qui refuse de s'éteindre la nuit, dans un quartier vide, aux trois quarts à vendre ou à démolir. "The cliff edge of workaday morality" se cogne contre les parois d'un labyrinthe glauque : la bouteille de poppers vissée sur le pif, l'air y est lourd et les regards obsessionnellement figés. "In iron light" traîne sur les quais de la déshérence sentimentale, où un pied sûr évitera les canettes crevées et autres débris, déchets, gravats... Le parcours, débile d'automatisme, se met en boucle, "repeat" jusqu'à épuisement. Pas très loin de là, un banc fixé sur un pont boudé, invite à une vue plongeante sur le périphérique. De vieux journaux dansent avec le vent, mais vous, "Roads leeds northwards" dans la tête, vous contemplez cette intarissable coulée de lucioles blanches et rouges, et le reste vous vous en foutez car c'est pas le moment. On n'aime franchement pas trop ce qui tire vers le bas. Mais il faut reconnaître l'intelligence indéniable qui parcourt cet album concerto. Une poésie nouvelle de la mélancolie a érigé ici un "truc" qui va au delà du (moralement contestable ?) "on aime - on n'aime pas". Quand le Spleen s'estime Idéal...