| | | par Hugo Catherine le 02/09/2013
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| "Points
critiques", c'est avant tout l'art d'en prendre plein les
oreilles avec des sons de tous les jours. Nos bruits quotidiens
deviennent, d'un coup de partition magique, quasi inhospitaliers. On
dirait que notre salle de bain se rebelle, que notre cuisine se
rebiffe. La petite musique concrète et invisible de nos vies est
transformée en capharnaüm singulier, telle une surimpression de
notre paysage auditif. Les sons sont soudains et brefs, jouant sur
toute la palette de volumes et de fréquences. Grincements,
pétillements, claquements, écoulements, frappements, roulements,
scintillements, surgissements et éboulements attirent sans cesse
notre attention, comme autant de surprises sonores, comme autant de
points critiques.
Sur
la longueur de l'album, l'auditeur est le témoin assez acharné de
la recherche électroacoustique du compositeur argentin. Si la seule
écoute de la première composition, "Points critiques",
permettra à la plupart de saisir les reflets les plus saillants de
la matière sonore signée Horacio Vaggione, les plus encyclopédistes
ou les plus curieux poursuivront leur découverte électroacoustique.
Sur "Arenas", nous assistons à un mouvement de flux et de
reflux ; s'il n'est pas facile de s'y accrocher en continu, il
est assez fascinant d'éprouver l'approche orchestrale du
compositeur, sa manière de jouer sur la continuité des mouvements,
sur les nuances pianissimo puis forte. Sur "Nodal",
l'univers est plus aqueux, nous entrons en terrain sous-marin. Sur
"Ash", ça tintinnabule grave, clochettes et micro-sons se
donnent rendez-vous.
Enfin,
Sur "Phases", les instruments sont utilisés de façon plus
acoustique. Nous sommes presque surpris de constater que des
instruments peuvent se cacher au cœur de la musique d'Horacio
Vaggione. Comme souvent sa musique est mixte, composée non seulement
pour ordinateurs mais aussi pour interprètes en chair et en os. Une
musique un peu bionique somme toute.
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