I Am Kloot

I Am Kloot

par Filipe Francisco Carreira le 20/12/2003

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Untitled #1
Life in a day
The same deep water as me


Il y a deux ans, le remarqué "Natural history" lançait I Am Kloot à la tête d'un (pseudo) renouveau du folk anglais aux côtés de Bady Drawn Boy. Depuis, Hoggboy ou les Libertines sont passés par là et la presse d'outre-manche s'est entichée de ces formations électriques et juvéniles, perçues comme la réponse rock'n'roll aux Strokes d'Amérique. C'est donc dans une relative discrétion que le deuxième album des mancuniens aux tempes grisonnantes voit le jour. Il n'y a pas de titre sur la pochette, juste le nom du groupe sur un fond noir : on est pas là pour rigoler. John Bramwell et les siens se sont replongés dans leurs disques cultes, ceux de Joy Division et des Pixies, et, si ces influences ne sont pas évidentes, I Am Kloot cultive ses racines et son identité, indifférent aux modes et aux marées, au dernier modèle de Converse ou de jeans délavés. A la fois premier morceau et single avant-coureur, bucolique et charmeur, "Untitled #1" flotte en apesanteur et trompe le monde : car, dès les premiers accords de "From your favourite sky", l'atmosphère s'assombrit, le groupe se raidit. La voix de John Bramwell évoque un Mike "Waterboys" Scott en plus âpre et plus teigneux. Portée par une rythmique rugueuse, cette voix "de sable et de colle" - c'est ainsi que Bowie décrivait Dylan - illustre à merveille les sarcasmes de "Life in a day", le désenchantement de "Sold as seen". On pourrait le gratifier de son intimisme mais ce disque au tempérament boudeur et à l'allure renfrognée n'en voudrait certainement pas. Tel un Jean-Pierre Bacri pop, il n'en demeure pas moins attachant, distillant ici et là quelques moments de tendresse mal cachée : "Proof" et surtout "The same deep water as me". Cette dernière mélopée acoustique évoque, dans son atroce et triste beauté, une promenade solitaire sur une plage en hiver, éclairée par la seule et faible lueur d'un phare lointain. Malgré quelques titres anodins - "A strange arrangement of colour", "Three feet tall" - "I Am Kloot" séduit par l'honnêteté de sa démarche et l'habileté de ses compositions. A déconseiller à ceux qui n'aiment la mer qu'en été.