Istanbul Sessions

Ilhan Ersahin

par Gaspard Rojo le 14/09/2017

Note: 8.0    

De l'Avenue C au bord du Bosphore, les danseurs penauds titubent et se ressemblent, grisés par le blues des mégapoles qui soufrent d'une recherche d'identité dans cette globalisation de la vie citadine. Londres, NYC, Istanbul... les cultures s'entre'choquent et laissent parfois le même goût amer d'un continent à l'autre. Rongées par les grilles urbaines et musicales qui s'aseptisent, par la hausse des loyers, la répression des lieux de culture, la difficulté de s'évader.

Dans les cartes du saxophoniste turc Ilhan Ersahin trotte un souffle mélancolique mais solennel qui essaye de raviver la folie créatrice de ces villes. Ses "Istanbul sessions", Ilhan Ersahin les marque de son puissant saxophone à double tranchant, léger comme un fuseau et lourd comme une hache, flirtant avec un blues, un côté punk, et finalement pop. L'entrepreneur baroudeur est propriétaire du club Nublu à New York, où malgré de nombreuses péripéties et déboires avec les créanciers et licences d'alcool, DJs disco, musiciens et expérimentateurs de tous les horizons tiennent l'affiche à tour de rôle. Il aime dessiner des ponts entre les scènes qu'il cite à merveille le temps de ce disque par des détours dans le dub, le punk, la pop (reprise d'un thème d'Arcade Fire), le jazz et la musique orientale. C'est une bande son d’après soirée, de retour de fête, d'où on ne saisit pas trop si le climax est passé ou à venir.

Une formation jazz qui se démène comme un groupe rock, comme il y en a tant aujourd'hui, avec les guts. Ils se saoulent, revendiquent et critiquent le droit à la fête, et jouent avec bon goût des clichés du multiculturalisme et de la fusion des genres.



ILHAN ERSAHIN McCoy (Vidéo officielle)