La boite noire

Inama

par Sophie Chambon le 02/06/2008

Note: 9.0    

Intrigant Inama, jeune groupe de six musiciens lauréats 2007 du Tremplin Jeunes Talents de St Germain des Prés qui, avec ce premier album, ouvre la boîte (noire) de Pandore laissant échapper une musique originale : treize compositions collectives, engagées et percussives, où résonnent l'orage des soufflants dans un vacarme prémédité et malicieux : "Pan dort", "Pan rêve"… "Pan cake" sont de délicieux intermèdes concoctés (évidemment) par la flûtiste Amina Mezaache, entre de longues compositions où résonne un désir commun de musique. Animés d'une irrépressible envie de faire danser l'imaginaire, le flux constant d'énergie est contagieux : avec l'écriture comme boussole et l'improvisation pour mener la barque, porté par des vents calmes ou déchaînés, l'équipage laisse une place de choix aux saxophones alto, ténor, et à la flûte traversière (si rare en jazz) dont le souffle accompagne en effet de mystérieuses images, traversant espaces et temps.

Avec la fluidité d'un discours qui se veut aussi percutant, la rythmique sans faillir, soutient admirablement l'échange avec le marimbiste-vibraphoniste Stephan Caracci que l'on retrouve avec plaisir depuis son envol réussi de Marseille. Une contrebasse souple et une batterie rebondissante gardent le cap de la pulsation. Un chant profond pour un groupe qui explore avec soin les formes les plus ouvertes : textures affranchies, échappées libres, foisonnement de timbres, lignes claires des échanges, mélodies sensibles, fougueuses souvent mais parfois résolument mélancoliques. Une aventure musicale passionnante à suivre et un groupe dont on retiendra le nom assurément.