Les divisions de la joie

Indochine

par Francois Branchon le 25/06/2002

Note: 6.0    

On peut penser ce que l'on veut d'Indochine, même estimer Nicola Sirkis atteint d'infantilisme incurable, reconnaissons leur au moins une certaine droiture, une intégrité sur la durée et une absence de goût pour les coups marketing qui impose un certain respect, et que leur public cautionne d'une présence étonnamment fidèle jusque dans les creux de vagues. Bien sûr, le quatuor n'est plus celui du départ, les jumeaux Sirkis, Dominique Nicolas (guitariste omniprésent compositeur) et le saxophoniste Dimitri Bodianski qui apportait sa note 'Artefact' (le groupe de en 78/80) au rock mi électronique (pas de batteur mais une boite à rythmes) mi guitares acidulées à la Duane Eddy, au son identifiable et aux refrains instantanés. Stéphane Sirkis disparu et les deux autres partis en retraite, Indochine n'est plus vraiment un groupe, mais le backing band de Nicola (au look vieillissant de Robert Smith du pauvre), chargeant lourdement sur les guitares saturées, transformant la musique sautillante et dansante des débuts en grosse machine un peu tape à l'œil, très années quatre-vingt, entre la pompe d'un Ultravox et le simplisme d'un Human League. Ce Dvd est la triple trace de la tournée Dancetaria (1999) et sa bonne dose de classiques chantés au prompteur (!) ("Justine", "Tes yeux noirs", "3ème sexe", "L'aventurier", "Miss Paramount"...), du "Stef concert" (hommage acoustique au disparu) et de la tournée intime (2001), occasion de titres plus rares ("Come as you are", "Salombo", "More"...). Une trentaine de morceaux en tout, entrecoupés de séquences classiques (extraits de balances ou dans les loges), quelquefois drôles (le 'clin d'œil' à leur ancienne boîte BMG, "Baise Mon Groupe") et de deux clips, "Juste toi et moi" et la version censurée de "Stef 2", de bien inoffensives effusions saphiques et des musiciens travestis en femmes, peu crédibles tant ils manquent de perversion (ne se transfuse pas l'esprit Berlin années 30 qui veut)...