5 Klavierstücke

Irmin Schmidt

par Jérôme Florio le 12/03/2019

Note: 9.0    

Membre du groupe allemand Can, musicien de formation classique rompu aux expérimentations de la musique contemporaine, Irmin Schmidt publie à 81 ans un disque de cinq pièces pour piano, inquiètes et attentives.

Mark Hollis (Talk Talk, récemment disparu) aurait aimé le silence qui entoure chacune des notes. Disciple de John Cage, Schmidt en reprend la technique du piano "préparé" (altérer le son d'un piano en plaçant divers objets dans ses cordes) ; mise à part la réflexion préalable à la préparation du piano (un Pleyel), Irmin semble avoir laissé venir à lui les compositions. Elles sont traversées par les réminiscences de toute une vie de musicien, faisant resurgir l'influence des premiers émois musicaux classiques (Brahms, Schubert) et celle de compositeurs contemporains tels que John Cage ou Olivier Messiaen (qu'il a interprétés dans une courte carrière de concertiste pré-Can). Parfois, le côté percussif donné aux cordes évoque la musique traditionnelle japonaise.

Irmin Schmidt laisse de la place pour que le silence, le bruit du vent dans les roseaux et des cigales, enregistrés dans sa propriété provençale, s'introduisent dans des compositions qui portent la marque du deuil (deux autres membres de Can, Jaki Libezeit et Holger Czukay, sont décédés en 2017). Des accords profonds et funèbres laissent presque à regret échapper des grappes de notes cristallines. "5 klavierstücke" n'est pas un disque de la maturité sereine : c'est une œuvre intranquille, au sens de la poésie de Fernando Pessoa, une attente qui ne laisse pas de place au repos de l'âme.



IRMIN SCHMIDT Klaviestück III (Audio seul)