Sunday at Devil Dirt

Isobel Campbell & Mark Lanegan

par Jérôme Florio le 14/07/2008

Note: 6.0    



Un dimanche à Devil Dirt… sans doute une ville poussiéreuse de l'Ouest américain, réduite à une rue principale au long de laquelle s'alignent un barbier, un saloon, une armurerie et un hôtel borgne : Campbell et Lanegan revisitent un style et un décor dans lesquels se sont illustrés Lee Hazlewood et Nancy Sinatra, il y a déjà quarante ans.

Il y a entre les deux duos la même différence qu'entre un film et son "making-of" : bien que la facture de "Sunday at Devil Dirt" soit en tout points impeccable, on a l'impression de passer à l'arrière du décor de western, de voir les grosses poutres de soutien des seules façades avant des édifices.
On pourrait croire que le schéma Hazlewood-Sinatra est inversé : ici, c'est la fille (Isobel Campbell) qui écrit pour le mâle (Mark Lanegan). Mais là où Hazlewood se régalait de son rôle de pygmalion pervers, Campbell se met poliment en retrait et frotte trop discrètement son filet de voix à celui rugueux de Lanegan ("The raven").

"Sunday at Devil Dirt" manque de tension entre les personnages principaux, et ne vaut que pour sa scénographie ample et tapissée de cordes soyeuses. Lee Hazlewood servait de l'alcool fort : Isobel Campbell tricote une soupe d'une belle couleur mais sans consistance, malgré l'emprunt de craquements de vinyle sur "Shotgun blues".