On the road

Jack Kerouac

par Francois Branchon le 16/02/2000

Note: 9.0    

Kerouac reads on the road doit son existence à la découverte miraculeuse de quelques vieux acétates - anonymes - du barde beat lisant quelques passages de ses textes les plus fameux. Longtemps considérés comme perdus, ces enregistrements sont un événement littéraire majeur. A l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa mort, Jim Sampas (co-producteur de cette réédition) a pu accéder aux documents et réalisa la grandeur de la perle : Jack Kerouac avait enregistré, en studio, sous l'oeil de Bill Randle, l'intégralité de son livre culte "Sur la route", sans que, mystérieusement, cela n'ait jamais été publié. Sampas découvrit aussi quelques standards que Jack s'était amusé à "crooner" ("Come rain or shine" de Johnny Mercer, "When a woman loves a man" et "Leaving town" sont présents ici), ainsi qu'une vraie chanson, portant le même titre "On the road". A ce stade, c'est Lee Ranaldo de Sonic Youth (l'autre co-producteur) qui s'est intéressé aux bandes, remarquant la qualité musicale de la voix, son aptitude à monter et descendre, accélérer et ralentir, selon les couleurs émotionnelles qu'il essayait de transmettre. Les lectures de "On the road" (28 minutes) ont été complétées par de nouveaux arrangements de jazz composés par David Amram, le confident de Kerouac, qui travailla avec lui pendant les années cinquante, en studio et sur le film de Robert Frank consacré à la "beat generation". Pour le poème inédit "Washington DC blues", Amram produit une musique étonnante, presque un choc culturel, va-et-vient entre des passages aux intonations classiques (hautbois, bassons...), des mélopées arabes et des séquences très "west coast jazz", à la trompette plaintive. On entend aussi un autre poème, "Orizaba 210 blues", et la "chanson" de Kerouac, la fameuse "On the road", est présentée deux fois : l'originale chantée par l'auteur et la version qu'en donne Tom Waits (un poisson dans l'eau dans ce genre d'ambiance) accompagné par Primus. Compréhension de l'américain souhaitable, mais même sans, avec le bouquin dans les mains, c'est comme à Big Sur : cool...