Au moment d'aborder cette
somme d'enregistrements balayant toute la carrière de Jack White à
ce jour, on se demande quel peut bien en être l'intérêt. Une
compilation des titres acoustiques épars sur tous les disques des
White Stripes, des Raconteurs et en solo ? Hum…
Une grosse moitié des
vingt-six titres est consacrée aux White Stripes, ce qui est logique
en termes de production discographique et de durée (dix ans déjà,
la séparation de Meg & Jack). Le parti-pris acoustique évite
l'écueil du best-of (pas de "Seven nation army") et
raconte donc une autre histoire. Peut-être celle d'un songwriter
talentueux qui ne triche ni avec ses origines ni avec ses
influences. Malgré un son qui s'est épaissi au fil des années,
cette sélection de titres affirme de plus en plus nettement les
inclinaisons de Jack White vers les musiques blanches country et
folk. Tout cela n'est bien sûr pas nouveau, Jack White a par exemple
produit un disque pour la chanteuse Loretta Lynn en 2004 ("Van
Lear rose").
On trouve bien sûr
quelques semi-raretés : "City lights", écrite pour
"Behind me Satan" en 2005 et achevée en 2015 ; la
face B "Honey we can't afford to look this cheap", produite
par Beck, quelques mix alternatifs… Parfois l'étiquette
"acoustique" est à prendre au sens assez large – on ne
voit pas en quoi "Blunderbuss" rentre dans cette catégorie,
à moins qu'une guitare acoustique ou un piano dans le mix ne
justifient cette étiquette.
Les guitares perdent peu à
peu leur rôle central au fil des titres au profit du piano, de
guitare pedal steel ou de fiddle (violon country), sans
que cela n'affecte le côté intrinsèquement pop des chansons.
"Acoustic recordings 1998-2016" témoigne du savoir-faire
étonnamment constant de Jack White et de la grande passion et de
l'énergie communicative qui émanent de ses compositions.