Flags of the sacred harp

Jackie-O-Motherfucker

par Emmanuel Durocher le 29/12/2005

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Hey ! mr Sky
Rockaway


Projet musical amorcé il y onze ans par le multi instrumentiste Tom Greenwood et le saxophoniste Nester Buckett, Jackie-O Motherfucker (JOMF) a vu intervenir un certain nombre de musiciens (Jef Brown, Barry Hampton…) sur des expérimentations faites de différents collages et boucles sonores inspirés du free jazz, du folk, du psychédélisme ou du space rock : huit albums se sont succédés publiés par divers labels, parfois sous le seul format vinyle (le label All Tomorrows Parties est en train de rééditer numériquement quelques-uns d'entre eux).

Ce nouveau disque a été produit par Mark Bell, co-fondateur de LFO et collaborateur de Björk : on reste donc sur le terrain de la recherche fondamentale, dans l'abstraction la plus totale. Il n'y a pas de single pour éveiller l'attention de l'auditeur, et pour ceux qui décident de se plonger dans ces sept morceaux (dont certains durent plus d'un quart d'heure), le voyage n'est pas facile mais jalonné d'heureuses surprises.

A force de tâtonner, les membres de JOMF ont réussi à résoudre l'équation "Velvet Underground + Mazzy Star + The Pastels" avec "Good morning kaptain" ou le magnifique "Rockaway" dans lequel un folk sombre et psychédélique d'une simplicité déconcertante fait planer durant cinq minutes d'une intensité rare. Sur "Hey ! mr Sky", la formule miracle est le mélange improbable de chœurs velvetiens (à la "Sweet nuthin'") et d’accords stoniens ( à la "Sympathy for the devil") dont le refrain pourrait s'écouter des heures entières.

Le contraste est donc énorme avec les trois morceaux à rallonge, sortes de brouillons expérimentaux : "Spirits" et "Loud and mighty" comptabilisent près d'une demi-heure d'un patchwork bruitiste sans intérêt, seul "The louded roared the sea" accroche un peu avec sa tendance noisy pop qui rappelle le My Bloody Valentine de "Isn't anything".

"Flags of the sacred harp" débute par la comptine "Nice one" chantée par des adultes et se termine par un morceau caché au tempo entraînant où les voix sont devenues infantiles. Les musiciens de JOMF semblent être à la recherche d'une innocence perdue tout en souhaitant conserver leur maturité d'artistes. Ce difficile équilibre serait-il à l'origine de la très grande hétérogénéité de l'album ?