Elements of persuasion

James Labrie

par Sylvain Zanoni le 28/06/2005

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Crucify


Le moins que l'on puisse dire c'est que les membres de Dream Theater (qui publie actuellement l'ambitieux "Octavarium") ne sont pas des glandeurs. Entre Transatlantic, le projet progressif de Mike Portnoy (batteur), Liquid Tension Experiment, celui de John Petrucci et John Myung (guitariste et bassiste) et ces "Elements of persuasion", escapades en solo de James Labrie leur chanteur, il n'est pas question de sevrage pour les fans du groupe.

Si les autres projets se démarquent relativement peu de Dream Theater, James Labrie lui se plaît à oser, comme c'était déjà le cas dans les deux premiers albums de Mullmuzzler (premier nom de son groupe, avant d'utiliser son simple patronyme pour des raisons juridiques).

On a ici à faire à du métal sacrément burné, directement inspiré néo métal : on retrouve un peu de Linkin Park par-ci, un peu de Sevendust ou de Mudvayne par là ("Drained", "Alone" en tête). Les guitares sont lourdes et sous-accordées comme il faut, les samples parsemés intelligemment tout au long du disque, et la production, œuvre de Richard Chycki (Aerosmith, Jagger...), précise et directe comme un bon coup de boule.

Heureusement James Labrie n'emprunte au néo métal que le meilleur, à savoir la modernité et des trouvailles sonores toujours plus délirantes, s'inscrivant dans la démarche d'un Devin Townsend ou d'un Nevermore, qui n'aurait pas renié par exemple le riff saccadé de "Pretender". Les compositions elles restent d'excellente facture, énergétiques et complexes à souhait, s'éloignant des structures habituelles du néo sans tomber pour autant dans les pièges du progressif, la plupart des morceaux n'excédant pas les cinq minutes.

Comme toujours James Labrie a su s'entourer, avec le guitariste Marco Sfogli, un petit génie de 24 ans, de fait le seul à rappeler Dream Theater tant son jeu se rapproche de celui de John Petrucci, période "Train of thoughts", l'album le plus violent de DT. On reconnaîtra également la basse énorme de Mike Mangini (Steve Vai). Quant à la voix de James, elle est souvent trafiquée mais reste naturelle, toujours très pure et aérienne, survolant ce magma en fusion avec classe. Mais elle sait se faire exceptionnellement très agressive comme dans le speedé "Crucify", élu meilleur morceau d'ouverture d'album depuis un bail, une vraie tuerie.

Le yang trouve son yin dans la cinquième chanson, "Lost", une ballade répétitive assez proche de la Dream Music - Robert Miles ou Moby - avec son rythme soutenu et sa mélodie céleste. Rien n'est à jeter dans cet album, et on espère que James Labrie continuera à briller dans ses ébats alternatifs et à avoir un temps d'avance sur le métal d'aujourd'hui.