Mnemosyne

Jan Garbarek & Hilliard Ensemble

par Francois Branchon le 01/07/1999

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Quechua song


Le Hilliard Ensemble et Jan Garbarek sont retournés au monastère de St Gerold, dans les montagnes autrichiennes, pour "reconduire la rencontre" avec l'inconnu qu'avait été "Officium" (leur première collaboration) et renouer avec l'esprit d'aventure qui avait nourri cette première interaction entre la musique vocale de la Renaissance et le saxophone improvisé. La nouvelle rencontre est nommée "Mnemosyne", du nom de la mère des muses grecques, ou mémoire des grands événements. Si "Officium" couvrait un espace de cinq siècles, "Mnemosyne" en couvre - bigre - vingt-deux ! "Officium" obéissait, de la part du quatuor vocal, à des règles assez strictes. Cette fois, le Hilliard Ensemble a choisi une démarche de totale improvisation, qui superposée à celle du saxophone, conduit à des moments non prévus, donc forcément uniques. L'essentiel repose sur un pari : l'espoir d'une alchimie entre eux deux. Jan Garbarek et le Hilliard Ensemble ont joué "Officium" des centaines de fois en concert, le modelant au fil des jours, conduisant le musicien et les chanteurs à une perception réciproque de plus en plus intuitive. Cette intuition n'est pas de trop. Ajoutée à une science redoutable de l'art vocal, elle conduit à une expression des émotions extrêmement subtile. La grande force de Garbarek et du Hilliard est de la rendre par moments naturelle, comme coulant de source. Il arrive aussi que le saxophone se prenne pour une trompette et écrase malheureusement l'ensemble. Le répertoire est vaste, de Tallis à Dufay, de chansons anglaises du treizième siècle à des traditionnels grecs. Un petit (grand) faible pour "Quechua song", une chanson reconstituée du Pérou antique, flottant dans les limbes d'une indicible beauté.