A place where we could go

Jeremy Jay

par Jérôme Florio le 08/06/2008

Note: 8.0    

Voilà comment on imagine Jeremy Jay se balader dans les rues de Angel Town (Californie, USA) : un grand blondinet à frange, qui affiche une morgue et un look tout droit sortis des swinging sixties londoniennes. Avec son air de jeune poète, la guitare en bandoulière, les filles se retournent sur son passage.

Jeremy s'imagine sans doute projeter l'aura d'un David Bowie, en tout cas il fait tout pour : les tics vocaux, les mélodies, le rock plutôt acoustique des débuts, rien ne manque. "Heavenly creatures" pourrait être un inédit de "Hunky dory" ; et "Oh bright young things" est plus qu'un renvoi à "Oh you pretty things", sur le même disque. Plus loin, le rock un peu lourd et froid de "Beautiful rebel" (rebel ?) rappelle "Nightclubbing" de Iggy Pop produit par… Bowie. Il a l'air un peu obsédé, le Jeremy Jay. Pas vraiment de son époque, il est visiblement attiré par les histoires de romance sixties, les films de James Dean que l'on voit de l'intérieur de sa voiture au drive-in (saturday…) – les mots "kisses… danger… romance" susurrés sur fond de claquements de doigts très "West Side story", c'est ce que l'on entend sur "While the city sleeps" - comme la bande-annonce d'un film, celui éponyme de Fritz Lang (1956) en l'occurrence. Au détour de quelques phrases, Jeremy vocalise comme Morrissey, avec lequel il partage ce goût pour le rétro ("Rusholme ruffians", époque Smiths). Le son est assez particulier, très sec et peu produit ("Escape to Aspen" proche des premiers Go-Betweens, "Karen" par exemple), avec un écho sur la voix qui pourrait presque sonner garage rock.

On se demande quel est l'endroit où veut nous emmener "A place where we could go" – un entre-deux coincé entre fifties et eighties, un bon voyage pop frais et revigorant dans lequel on se laisse embarquer avec beaucoup de plaisir.