| | | par Francois Branchon le 01/12/1998
| Morceaux qui Tuent Un commencement de rage L'incendiaire
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| Jérôme Minière : un garçon timide et introverti qui soudain décide de se mettre à nu (album, interviews...). La forme : des mots juste prononcés, phrasés à la Dominique A (le mimétique "Et vous savez pourquoi" ). Derrière ces éléments visibles (rideau de fumée ?), le fonds : un esprit fin, qui rappelle fortement quelques figures pionnières, souterraines en leur temps, de la chanson d'expression française. Le Higelin des débuts avec Areski, période "Remember" (le type qui crève dans une bagnole, carbonisé) et le travail d'Areski avec Brigitte Fontaine. Lorsque Minière attaque le formellement beau "Un commencement de rage", la filiation est parfaitement limpide. Samy Birnbach aussi, ex-chanteur de Minimal Compact , lorsqu'il adaptait avec Benjamin Lew pour la collection "Made to Measure" des poèmes de Yeats, Hesse, et Apollinaire... On retrouve ici les mêmes mariages subtils des musiques enlacées aux mots. Jérôme Minière joue l'ambivalence, portant ses sentiments, ses obsessions et ses fantasmes au grand jour mais en jouant d'une intimité codée (je veux bien tout vous dire, mais faudra déchiffrer !). Pour ce deuxième album-petit coup de maître, qu'il a conçu double (est-ce en revanche une réelle bonne idée ?), Jérôme Minière se révèle un humain passionnant au charme redoutable. Responsables avec Céline Dion d'une des catastrophes majeures de la décennie, les Québécois (même d'adoption) se devaient de montrer qu'ils avaient autre chose à l'ombre de leurs érables. |
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