Walking into Clarksdale

Jimmy Page

par Francois Branchon le 01/05/1998

Note: 6.0    

Il faut écouter ce disque sans penser à Led Zeppelin. L'énergie ne vient plus de la même source : autrefois en prise directe sur les individualités du groupe, elle est toute entière aujourd'hui dans le travail de production. Le Led Zep d'autrefois se définissait par une extraordinaire voix en acier trempé qui grimpait jusqu'aux nuages et une guitare bazooka, toutes deux adossées à une rythmique blockhaus.

La voix "Robert Plant 98" ne tranche plus rien et ne grimpe nulle part et la guitare de Jimmy Page ne se fait plus remarquer par ses salves de solos, mais par de subtils arpèges ("Heart in your hand"), de délicates arabesques, quelques riffs "à la Yardbirds" ("Walking into Clarksdale") ou pour se justifier du passé rock'n'roll ("Burning up"). Capitalisant sur le virage oriental du groupe, manifesté lors de la tournée 1996 avec des musiciens africains, Steve Albini le producteur, touille tous ces ingrédients et en sort des plats épicés mais pas toujours digestes ("Sons of freedom"). Il ne rechigne pas aux saveurs arabes ("Most high") ou indo-pakistanaises (Nusrat es-tu là ?), et s'il laisse parfois exploser un peu de violence (le nouveau jeune batteur promet !), l'ensemble manque souvent de génie et parait bridé, comme sous une chape. Les deux compères ont-ils encore à dire ? Led Zep n'est pas près de revivre.