| | | par Sophie Chambon le 04/04/2002
| | |
| John Abercrombie, un des grands guitaristes actuels, retrouve pour ECM, le violoniste Mark Feldman, le contrebassiste Mark Johnson et le batteur Joey Baron. Cette fois, les claviers ne sont plus de la partie, qui se joue seulement dans les cordes. On ne sait pas toujours, des deux solistes, qui joue au chat et à la souris, même si c'est le violon qui conduit le bal. Les compositions sont toutes de John Abercrombie à l'exception de deux pièces collectives, mais Mark Feldman qui s'éloigne de son passé rock et country à Nashville s'avère indubitablement un des violonistes avec lesquels il faut compter. D'une intelligente 'versatilité' au sens anglais du terme, il se révèle vite inclassable, aussi à l'aise dans les pièces improvisées que dans celles écrites du champ contemporain. Ajoutons encore que cette danse est divinement emmenée par la rythmique attentive de Baron et Johnson, discrète quand il faut s'effacer au profit du menuet des solistes, mais qui sait revenir sur le devant de la scène avec éclat et brillance dans certains titres comme "Convolution" ou "On the loose". Cet album induit un sens particulier des changements de thèmes et de climats, tout en conservant tous les ingrédients d'une musique libre : échanges vibrants entre instrumentistes, vigueur, emballement, frappe, swing. "Nice idea", le premier titre, confirme le goût de John Abercrombie surnommé the "waltz king" pour la valse,? Sans la moindre transition "Convolution" attaque avec un enchaînement de trois mélodies intercalées d'improvisation. Le thème final, sur le versant rock, avec une guitare savamment déchaînée, évoque parfois, quand le violon et la guitare jouent à l'unisson, les envolées de groupes mythiques, Gateway ou Mahavishnu. Un autre changement de climat se précise avec le curieux "String thing", sans doute réalisé à la demande du producteur omniprésent Manfred Eicher. Il rappelle une pièce de musique de chambre baroque, où les lignes mélodiques se partagent entre violon très étiré, contrebasse sans vibrato et guitare acoustique qui sonne comme un luth. "Third stream samba" confirme une approche peu orthodoxe de l'improvisation : ce morceau délicat et nocturne n'a rien à voir avec les rythmes du Brésil ou alors Abercrombie a inventé une samba d'un autre type. La dernière pièce, intitulée "Show of hands", est une autre improvisation collective sur un crescendo, où tous jouent à mains nues, même le batteur qui finit par lâcher ses baguettes. Et cet album s'achève comme il a commencé, par une belle idée. Une musique frémissante à recommander sans risque. |
|
|