Johnny Hallyday je ne l’ai jamais
ménagé, en tant que premier symbole et premier bénéficiaire de cette
machine à cash diabolique inventée par quatre grandes maisons de disques
françaises du début des 60’s (Philips, Pathé, RCA et Barclay) :
traduire en français les tubes anglo-saxons et se les répartir
entre une poignée d’interprètes maison (Hallyday, Sylvie Vartan,
Eddy Mitchell, Dick Rivers ainsi que Richard Anthony - le vrai pionnier du rock en France lui - ainsi pourvus en chansons impeccables
qu’un public ignorant des originaux gobait comme des chansons de
leurs idoles (la France contrairement aux autres pays d’Europe
n’avait pas de bases ni de radios américaines sur son sol). Un
système économique qui n’était pas la tasse de thé de l’autre
grande maison, Vogue, qui elle ne signait que des chanteurs auteurs de
leurs chansons (Hardy, Dutronc, Antoine...).
Ce système a construit d'immenses vedettes en France, mais dont la notoriété ne franchissait jamais les limites de la francophonie. Lorsque Hallyday dans une fameuse interview au Monde en 1998 déclarait qu'il se sentait seul survivant parmi les grands, puisque Presley et Lennon étaient partis, on entendit quelques lecteurs étrangers répliquer Johnny who ?
Mais je veux rendre à César ce qui lui appartient, et c’est vrai que Johnny,
l’adolescent des sixties que j’étais l’a parfois adoré, pour
quelques chansons entre 1962 et 1966, curieusement presque toutes des originaux, alors denrée rare dans son répertoire première époque. Des chansons qui aujourd’hui
me rappellent les fêtes foraines (on disait les vogues) et leurs auto-tamponneuses, des chansons
soignées (enregistrées à Nashville ou Londres avec des
musiciens pointures) que je n'ai jamais cessé d'écouter.
Elles sont une petite poignée, les
voici. Pour cette poignée, repose en paix
Johnny !
1962 Les bras en croix (enregistré à Nashville)
JOHNNY HALLYDAY Les bras en croix (1962)
1963 Les mauvais garçons (enregistré à Nashville)
JOHNNY HALLYDAY Les mauvais garçons (1963)
1964 Toujours plus loin
JOHNNY HALLYDAY Toujours plus loin (1964)
1965 Mes yeux sont fous (reprise de "I must be seeing things" de Al Kooper)
JOHNNY HALLYDAY Mes yeux sont fous (1965)
1966 La fille à qui je pense (du LP "La génération perdue", Londres 66 avec Tommy Brown, Micky Jones, Jimmy Page, arrangements Arthur Greenslade, Reg Guest)