Fourth world volume two : dream theory in Malaya

Jon Hassell

par Cédric Antoine le 14/01/2018

Note: 8.5     

Paru en 1981, "Fourth world, vol. 2 : dream theory in Malaya" est la deuxième levée d'un dyptique "Fourth world" dont le volume 1 était sorti l'année précedente.

Passé par l'école de Stockhausen et pionnier de la musique minimaliste Jon Hassel s'était déjà fait connaître grâce à un son et une technique de souffle très particulière qui devaient influencer bon nombre de trompettistes (Erik Truffaz) . Sa rencontre avec deux monstres sacrés, Brian Eno et le chanteur Indien Prandit Prân Nath va profondément inspirer notre homme, le premier pour l'introduction de l'électronique dans sa musique et le second pour l'initiation à la world music.

Malgré une appréhension peut être un peu ardue à la première écoute, Hassel propose un album aux sons et à la musicalité incroyables, dont on a du mal à croire qu'il a plus de trente-cinq ans tant il est encore très moderne aujourd'hui. Mais c'est le lot des albums cultes ! L'improbable mélange de  musiques africaines et indiennes et de sons électroniques (plus tard largement développé par Dead Can Dance) est ici transcendé par le génie de Hassel qui pose sa trompette telle une libellule sur un plan d'eau ("These times"). On sent bien, entre autre recherche musicale, une réelle volonté de s'élever vers de plus hautes sphères que la simple addition de sons initialement peu enclins à se rencontrer (nous sommes en 1981). Il aurait pu en résulter un capharnaüm musical inaudible, mais heureusement l'homme est doué, et nous accroche avec une musique quasi répétitive, superposant les sons sans jamais les mélanger afin d'en tirer toute la quintessence ("Data bintung at Jelong" ou "Malay"). On ajoutera que les morceaux ne sont jamais d'une longueur excessive, chose rare dans la musique expérimentale, évitant ainsi tout risque de lassitude.

Il faut redécouvrir cet album pour réaliser à quel point il fut précurseur, y compris dans des sons aujourd'hui courants, dans des styles divers (du jazz à l'éléctro passant par la musique du monde).



JON HASSELL These times (Clip 1981)