Paru en 1981, "Fourth world, vol.
2 : dream theory in Malaya" est la deuxième levée d'un
dyptique "Fourth world" dont le volume 1 était sorti
l'année précedente.
Passé par l'école de Stockhausen et
pionnier de la musique minimaliste Jon Hassel s'était déjà fait
connaître grâce à un son et une technique de souffle très
particulière qui devaient influencer bon nombre de trompettistes
(Erik Truffaz) . Sa rencontre avec deux monstres sacrés, Brian Eno
et le chanteur Indien Prandit Prân Nath va profondément inspirer
notre homme, le premier pour l'introduction de l'électronique dans
sa musique et le second pour l'initiation à la world
music.
Malgré une appréhension peut être un
peu ardue à la première écoute, Hassel propose un album aux sons
et à la musicalité incroyables, dont on a du mal à croire qu'il a
plus de trente-cinq ans tant il est encore très moderne aujourd'hui.
Mais c'est le lot des albums cultes ! L'improbable mélange de
musiques africaines et indiennes et de sons électroniques (plus tard
largement développé par Dead Can Dance) est ici transcendé par le
génie de Hassel qui pose sa trompette telle une libellule sur un
plan d'eau ("These times"). On sent bien, entre autre
recherche musicale, une réelle volonté de s'élever vers de plus
hautes sphères que la simple addition de sons initialement peu
enclins à se rencontrer (nous sommes en 1981). Il aurait pu en
résulter un capharnaüm musical inaudible, mais heureusement l'homme
est doué, et nous accroche avec une musique quasi répétitive,
superposant les sons sans jamais les mélanger afin d'en tirer toute
la quintessence ("Data bintung at Jelong" ou "Malay").
On ajoutera que les morceaux ne sont jamais d'une longueur excessive,
chose rare dans la musique expérimentale, évitant ainsi tout risque
de lassitude.
Il faut redécouvrir cet album pour
réaliser à quel point il fut précurseur, y compris dans des sons
aujourd'hui courants, dans des styles divers (du jazz à l'éléctro
passant par la musique du monde).