Almost happy

K's Choice

par Christian Tranchier le 30/09/2000

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Live for real


Ce groupe, composé des frère et soeur Gert et Sarah Bettens, est surtout connu du grand public pour "Not an addict", tube de leur premier album "Paradise in me" (1996). Autant ce dernier et "Cocoon crash" (1998), leur album suivant, jouaient sur le registre pop-rock aux guitares faussement noisy, autant "Almost happy", par son côté plus acoustique, rappelle leur confidentiel et intimiste premier amour, "The great subconscious" (ils officiaient alors sous le nom de The Choice). Néanmoins, les guitares électriques demeurent présentes, juste sous une forme plus nuancée, davantage caressée et déliée sous flot continu et harmonieux. Disons-le immédiatement : point de "Not an addict" en vue (ils ont perdu la recette depuis), seules des mélodies finement ciselées mid-tempo pour les plus énergiques, calmes pour les plus nombreuses. Sarah et Gert accordent un soin particulier au texte, évitant au possible les lieux communs et les sujets bateaux. Cela va de l'autobiographie ("Always everywhere") sur leur mère, au témoignage vécu ("Home") tendre et drôle évocation sur les différentes étapes émotionnelles d'une vie, sur les rêves oubliés ("Busy") d'une personne rentrée dans le rang d'une certaine société uniforme et conservatrice. Les phrases sont savoureuses et proches du quotidien de tout à chacun et les détails judicieusement observés et décortiqués et croqués. K's Choice se place définitivement dans la veine des songwriters ancrés dans la vie réelle et ils y puisent leur inspiration. Grand bien leur fasse, surtout si c'est la voix délicieusement cassée de Sarah qui raconte, chante, murmure ces petits riens si primordiaux pourtant. C'est de l'ordre de la confession intime musicale, et sur ce registre ils évoquent parfois (le merveilleux "Live for real") la classe de Natalie Merchant du temps de ses 10,000 Maniacs. Naturellement, confinées dans cette mer de tranquillité, les chansons ont tendance à s'enchaîner sans réelle distinction, exception faite pour le funeste "Shadowman". Mais le folky "Somewhere", le menaçant piano de "Tired" et le pop-rock "Busy" remettent les pendules à l'heure et entrecoupent ce qui aurait pu ne devenir qu'une douce indolence subie de plein gré.