Even rebels go to the supermarket

Keep Punching Joe

par Olivier Santraine le 08/01/2002

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
My friend is Bill


La France a toujours été championne du monde du recyclage des sources musicales étrangères. Par exemple, dans les années 80, on a pu voir fleurir plein de petits groupes corbacs, imitant Cure ou Sisters of Mercy, des accords de guitare aux cheveux crêpés. Plus tard avec la vague noisy pop et My Bloody Valentine ou Ride en héros, saturation dans le rouge, regards derrière les cheveux. Aujourd'hui, le phénomène s'attaque au post-rock. Les kids rêvent d'enchaîner les accords de Tortoise ou d'avoir l'intensité mélodique de Mogwai, alors ils jouent avec des potes dans le garage de papa. L'avantage du post-rock est que la structure n'existe pas (alors on peut faire n'importe quoi) et qu'il n'y a presque jamais de chant (ça tombe bien aucun membre du groupe ne sait chanter). Heureusement, Keep Punching Joe (comme Kaolin d'ailleurs) survole largement ces considérations médisantes. Puisqu'il s'agit de post-rock, celui-ci sert surtout d'engrais à la fertilisation de chansons aux multiples racines et excroissances. Le haut de cette belle plante est davantage bordélique, avec humour décalé, et romantisme urbain. Pas très loin de l'esprit des premiers Little Rabbits ou des débuts des Feelies (oui ce groupe américain auteur du superbe "Crazy rythms" en 1980). A noter les apparitions désordonnées d'une harpe, d'une flûte, d'un mélodica, ou encore d'un violoncelle, tous légèrement éméchés, qui osent venir troubler les structures. Un joyeux foutoir très bien maîtrisé, des chansons qui accrochent à la première écoute, qui électrisent pour la journée ("My friend is Bill") ou pétrifient dans le sol ("A shiny day"). Beaucoup de bonheur, malgré quelques longueurs, mais rien de grave. (Contact : Thierry Lolon, 5 rue Judith d'Acigné, 35690 Acigné - T : 02.99.04.35.40)