Règlement de contes

Kwal

par Alexandre Leroy le 07/10/2002

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Guignol
L'écorcé vif


Pour son premier album, Kwal montre qu'il n'a pas peur de prendre des risques, choisissant de centrer ce disque sur le thème de l'enfance (dés)abusée, un thème plutôt casse-gueule, prétexte à banalités sur les "petits nenfants innocents" (super !). Pour échapper à tous ces pièges, Kwal a privilégié la manière forte, franche voire brutale, sans pour autant tomber dans le gore. Ses textes, plus qu'intelligents, suivent un cheminement immuable: l'histoire est exposée, de manière à la situer dans un des contes de fée de notre enfance, puis brutalement, tout dégénère pour coller à la réalité, avant de finir mal... très mal. C'est ainsi que les lutins du Père Noël sont de petits esclaves de 8 ans qui fabriquent des jouets ("Le pervers Noël"), que le Petit Poucet est un gamin livré à lui-même dans une cité, que Guignol est un gosse des favelas de Rio, poursuivi par un Gendarme sanguinaire (une nouvelle idée pour Sarko ??) ou que Pinocchio est le héros d'une tragédie où la came tire les ficelles ("L'écorcé vif"). Pour accompagner ces paroles, Kwal et d2r2.off ont composé des musiques sombres, dures et noires, accompagnées de bruitages glauques (gouttes qui tombent, pas qui résonnent, cris déchirants...). Toutes de la même teinte, elles empruntent à différents styles, le trip-hop, le ragga et bien sûr le métal, car Kwal est membre du groupe de fusion Carc[h]arias. La voix rageuse du rappeur (qui n'est pas sans rappeler celle de Rockin'Squat, le leader d'Assassin) témoigne bien de cette influence. En clair, "Règlement de contes" est un album hors-norme qui atteint le but qu'il s'est fixé : toucher l'auditeur par l'utilisation de références communes à tous, pour ensuite les détourner ce qui est un excellent moyen d'alerter sur le problème de la maltraitance des enfants. Triste mais réaliste, cet album nous rappelle aux bons souvenirs de la musique militante.