Progress no progress

La Corda

par Thomas D. Lavorel le 10/05/2010

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Skin
End of language
Lullaby for monkey

spiraleEcouter
spiraleAcheter


Certaines musiques sont des musiques du sommeil, des musiques de l'ennui, de la mélancolie quand elle se flotte à la vitesse de l'inertie. Musique du sommeil, chant de nuit, qui se déroulerait dans le rêve, en roulant le corps. Les accords sont simples : dérive au non-rythme des floraisons. Tout ceci est sympathique, ça ressemble aux enchantements de Sigùr Ros, à certaines euphories de Radiohead, en moins complexe, en moins assumé peut-être.

"Progress no progress" est une diffusion de chaleur tranquille, une langueur féminine qui se déroule comme un infini perpétuel au milieu d'un vide ; ça ne va nulle part, ces musiques-là, ça se meut dans une éclosion éphémère, ça accompagne, ça progresse sans progresser, comme le veut le titre de l'histoire, jusque "Lullaby for monkey", une berceuse souriante un peu inattendue, dont c'eût été ravissant qu'elle close le voyage.

Mais ce n'est pas le cas, la berceuse était un leurre, un piège posé à l'inattention du rêveur, poursuivant sa route avec un gentil sourire, et qui se laisse intriguer par les lamentations presque inquiétantes de "1993" ; il s'approche doucement, cherche à comprendre, lorsque soudain le chœur insupportable des oiseaux moqueurs l'emporte vers une autre pente. Le corps ne peut rien faire, il est endormi, l'esprit est cloisonné dans le rêve et les oiseaux moqueurs conduisent le rêveur à la stridente "End of the earth", qui ressemble à une autre tentative, une fourberie de La Corda, à se demander si ce n'est pas ça, la fleur épineuse de la pochette où le doigt du rêveur se pique.

Un voyage sympathique, et puis la chute, et chut, il y a quelque chose qui parle dans le fond du silence. Alors La Corda se retire à pas feutré, comme un malin génie qui aurait accompli son œuvre... à se demander alors si le sortilège était assez puissant ?