Le porte-bonheur

La Grande Sophie

par Francois Branchon le 26/04/2001

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Sa petite volonté
L'amour ça pardonne pas
Des roses rouges


Un qui va se faire des couilles en or, c'est le père Lee Hazlewood. Pas moins de trois reprises ce mois-ci de "These boots are made for walking" son hit de 1965, par Mary Coughlan, puis sur la BO de la dernière Brad Pitrerie et enfin celle de ce "Porte-bonheur" ! Reconnaissons à La Grande Sophie que la sienne ne vient pas au secours d'une créativité en panne sèche mais au contraire à point nommé, presque naturellement, à la fin d'un album qui offre ses meilleurs moments lorsqu'il se vautre dans les sixties.

Un album réjouissant par son aspect fourre-tout sympa, ses emprunts, sa sincérité et son sourire permanent. La Grande Sophie feuillette le catalogue de la chanson pop, envoie des ritournelles de midinette, calibrées pour faire craquer les Marilyn de banlieue, "Sa petite volonté" (clin d'oeil à Elli Medeiros des vieux Elli et Jacno de 1980), "L'amour ça pardonne pas", "Des roses rouges" (qu'on croirait écrite pour Marie Laforêt). Elle s'habille classieuse en tailleur chic, "Le porte-bonheur" et ses effluves Martha & The Muffins, "Où que tu ailles" presque banal mais sauvé par des guitares acoustiques magnifiques à la Talking Heads, mais se dévergonde aussi gravement, se Rita Mitsouquise avec "Comme tu respires" et ses guitares qui découpent le plancher ou "Chéri". Et elle se déguise en jeune fille moderne le temps de "La vie, le temps, l'amour", autre clin d'oeil appuyé à Elli et Jacno...

Avec des textes quelquefois barrés et proches de l'absurde, "Mon docteur" ou "Une exception", et son "je voudrais partir si tu restes avec moi" (qui rappellera quelques souvenirs à Bashung !) et ses arrangements electro-pop aux nappes de violon et guitares, la Marseillaise semble faire une fixation sur la période musicale "new wave 78" (l'intro de "T'es comment" décalquée de Cure), mais ses réussites lorgnent vers de plus anciennes sonorités et atmosphères, particulièrement "Sa petite volonté" et "Des roses rouges", morceaux d'une simplicité à faire rêver un Daho (englouti sous son maelström d'apparences), "Où que tu ailles" et "L'amour ça pardonne pas" dont le refrain promet d'être anthologique, "Prend ton seau, ton épuisette, viens avec moi à la pêche à l'homme, on s'en ira au bal agiter nos lolos".