| | | par Chtif le 10/01/2006
| Morceaux qui Tuent Not allowed
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| Derrière Late Mrs Eight se cache le suédois Joel Fridlund qui seul compose, joue, enregistre et, pour peu de temps encore espérons-le, écoute tous les merveilleux sons de ce "Dear adrenaline".
Inconnu Joel Fridlund ? Pas vraiment. Le bonhomme ne se dévoile sur aucun site internet (suicidaire en ces temps où le moindre groupe balloche dispose d'une page pro), mais l'on arrive tout de même à dégoter des photos du secret garçon en compagnie de son frère, un certain... David Fridlund, du groupe David and the Citizens, déjà très respecté des indépendantistes rock.
Ce n'est rien de dire que Joel fait honneur à la réputation mélodique dont jouit sa famille : cloîtré dans son appartement-studio de quinze mètres carrés, dans lequel s'entassent pêle-mêle amplis, guitares, batterie, pianos et traficotages électroniques, Joel a mis au point une rafraîchissante galette pop qui fleure bon l'autoproduction. Même la pochette est griffonnée au stylo Bic !
Entre deux arrangements de guitares sixties et quelques envolées légèrement psychédéliques fourmillent des sons plus étranges les uns que les autres : ça gratte, frotte, tape et caresse de tous côtés. On plonge dans ce disque comme l'on redécouvre une vieille malle qui a conservé à l'abri de la poussière d'hétéroclites bizarreries : chaque écoute met à jour de nouvelles trouvailles. Ici une clarinette vacille, là un synthé antédiluvien fonctionne encore à l'étonnement de tous, et l'ensemble sonne comme un joyeux foutoir (mais comment aurait-il pu en être autrement ?). On s'énerve un peu sur la serrure rouillée ("Path and nowhere", toute de basse vrombissante), mais les retrouvailles sont douces, et les yeux plissent entre sourire et larmes au détour d'un souvenir encore vivace : des harmonies façons Beatles, des sonorités concoctées par Brian Eno et quelques solos flashys à la Kinks patientaient dans leur cadre jauni qu'on les exhume.
Mais plus qu'à tout autre, c'est sans complexe à "Hunky Dory" que l'on peut comparer ce disque, Que ce soient la superposition des styles, l'intro fanfaronne de "Not allowed" (meilleur titre du lot, tellement fier et confiant qu'il en devient presque arrogant), le démarrage glam du final "Secret society " et plus généralement les idées que l'on pioche par brassées entières, tout ici évoque le sieur Bowie.
"Dear adrenaline" possède en lui ce mystère de fabrication qui fait briller les oeuvres réalisées avec trois bouts de chandelle. A l'instar de Pavement ou Cake, les rouages imparables de Late Mrs Eight donnent le tournis sans artifice ni production démesurée. Décidément, ce surprenant grenier pourrait bien receler les prémices d'un futur "Aladdin Sane".
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