Lisa O’Neill, c’est un peu comme quand tu es prof : d’abord tu te fais respecter, et quand tout le monde marche au pas tu peux te permettre d’être sympa. Il y a de quoi être désarçonné par l’abord austère de "All of this is chance", qui ouvre son cinquième disque : elle lime sa guitare et chante d’une voix de possédée un texte tragique (du poète Patrick Kavanagh, irlandais comme elle). Pas vraiment confortable ("habité", on dit poliment). Etrangement, et sans que Lisa ne fasse la moindre concession, l’accoutumance se fait dès la deuxième chanson "Silver seed". On se repère dans un territoire folk de plus en plus hospitalier, bien que dépouillé et ombrageux, captivé par la force de l’interprétation de Lisa O’Neill. Une véritable émotion se fait sentir, d’autant plus forte que l’interprète n’utilise aucun des subterfuges habituels pour la provoquer.