| | | par Francois Branchon le 17/12/2011
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| L'éditeur tout-puissant des chansons de Serge Gainsbourg qui gère
sa petite entreprise commerciale comme une vache à lait devrait
commencer à réaliser que trop c'est trop. La chasse gardée,
pardon, le "répertoire" de ce pauvre Gainsbourg, exploité
depuis sa mort (20 ans !) criait déjà pitié, lessivé jusqu'à la
trame par les incessantes reprises de la lavandière Birkin,
et voilà que le fils Lulu s'y colle à son tour, ou plutôt Lulu s'y
voit collé. Car comment croire qu'un garçon annoncé comme
pianiste émérite, amoureux de jazz et précoce compositeur, ait de
son plein gré plongé dans un projet pareil.
Quelle drôle de
"chose" en effet que ce "From Gainsbourg to Lulu"
(au titre déjà passablement plombant pour sa première œuvre). Concept du projet : faire reprendre
les chansons de papa par une sélection d'artistes, pas forcément
français, pas forcément chanteurs, et en touiller la production. Un
concept qui pourrait séduire, s'il occasionnait des rencontres, si
possible inattendues.
Or, si quelques surprises sont là,
l'inattendu et disparu des affaires Shane McGowan (Pogues) pour un improbable
"Sous le soleil exactement" en français (on imagine son
couple tout sourire avec Anna Karina !) ou dans une moindre mesure
Iggy Pop s'attaquant à "Initials BB", si certains sont
correctement à leur place, Rufus Wainwright ("Je suis venu te
dire que je m'en vais"), Richard Bona ("La javanaise")
ou Angelo Debarre ("Le poinçonneur des Lilas", le reste
abonde de branchitude people (Scarlett Johansson, Johnny Depp) et
surtout de ces médiocres, abonnés aux albums concepts et aux
"causes" de toutes sortes, l'inutile Matthieu Chedid, la
vulgaire Marianne Faithful... (On a échappé à Etienne Daho)
Une
"chose" qu'il est difficile de ne pas appeler "produit arty",
pensé marketing, sans aucun respect pour les œuvres (en majorité
massacrées) ni surtout pour Lulu lui-même, dont aucune création ne
figure ici - un comble pour un compositeur - et vendue sur
un "buzz" autour de sa personne, au point
d'être déguisé en sosie de Johnny Depp. On remarquera, que Charlotte
Gainsbourg (probablement sollicitée) ne s'est pas prêtée à cette
destruction de chefs d'œuvres, décidément en vrai péril. |
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