Madrid

Madrid

par Guillaume Cordier le 13/06/2000

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Sri sri


Surprenant comme un simple air de guitare, répété avec application, peut devenir intense, peut se charger d'une force incompréhensible d'envoûtement. Un air de guitare, vraiment à la portée de chacun, et pourtant, qui nous fait redécouvrir, à sa façon, modeste, obscure aussi, la puissance sans précédent qui se cache dans un instrument, à cordes notamment. Et l'air se répète ainsi, tout le long du second morceau, "Sri sri", une deuxième guitare vient côtoyer la première, en écho, un piano assure le rythme, pulsation limpide, et quelques notes cristallines d'un vibraphone élèvent la mélodie à son plus haut degré de présence, à sa plus forte possibilité de déploiement. Il en va ainsi pour la plupart des morceaux, lents horizons, pâles, frêles battements d'un coeur ralenti. Une clarinette, ou un autre instrument à vent, une voix au timbre espagnol, se chargent de réchauffer l'atmosphère refroidie, ou d'éloigner encore plus les limites de l'horizon. Au dixième morceau, "Tous à la plage !", une batterie bienvenue accélère, pour ce qui semble un instant, le rythme vraiment monotone. Et toujours en fond sonore, d'obscurs ronflements, le crépitement d'une bande magnétique, un orage lointain ou les samples d'un environnement urbain, font office de transition et de liaison entre les pièces instrumentales. Elles semblent ainsi les productions miraculeuses d'un magma presque inaudible, d'un grondement confus, oppressant. Madrid, trio français, fait irrésistiblement penser à Labradford, à tous ces fervents apprentis d'une musique minimale (Pascal Comelade n'est pas très loin non plus). Dommage que certains des morceaux, à force de dépouillement, se révèlent finalement assez pauvres.