Grit

Madrugada

par Filipe Francisco Carreira le 01/11/2002

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Madrugada VII
I don't fit


Quel est le secret de Madrugada ? Il n'y a rien de particulièrement original dans les compositions de ces norvégiens révélés il y a trois ans avec "Industrial silence" et qui, depuis, publient leurs albums à un rythme métronomique. A l'heure du troisième, "Grit", un constat s'impose : la recette paraît simple, elle marche à tous les coups. Les suites d'accord ne surprennent pas et pourtant les chansons pénètrent l'imaginaire avec une facilité déconcertante. Est-ce la voix de Sivert Hoyem qui semble planer au dessus d'un lit de guitares tourbillonnantes et opaques, cette voix nonchalante, terriblement sexy, dangereusement hypnotique ? Ou tout simplement ce feeling extraordinaire, cette impression de facilité qui émanent de chaque note, de chaque soupir ? Bien sûr, "Try try try" semble gonflé aux amphétamines, regorgeant de chœurs vulgaires à l'orgueil déplacé mais, pour le reste, le groupe tutoie le sans-faute. "Bloodshot" affiche un profil dégingandé mais sournois, tourne autour de l'auditeur, le regard trouble et les mains moites, avant d'être pris de convulsions, déversant un flot de guitares hystérique et jouissif, désignant la tendance lourde de ce disque électrique et fiévreux, ouvrant la voie au grinçant "I'm ready" ou à "Billy pilgrim" qui évoque le "TV eye" des Stooges. Si le somptueux "I don't fit" s'inscrit dans la lignée des deux premiers albums, renoue avec des ambiances lointaines et aquatiques, "Madrugada VII" assume une agressivité qui le rapproche des titres précédemment cités sans pour autant renoncer à son mystère, se plaçant comme le titre le plus emblématique de l'album et sûrement le plus excitant. Dans l'ensemble, Les derniers titres de "Grit" tendent un visage plus paisible : la sobriété de "Song of majesty" préserve la limpidité d'une mélodie qu'il aurait été tentant de noyer sous des arrangements grandiloquents, le groove aux inflexions reptiliennes de "Get back in line" fait des merveilles et le texte parlé de "Ghost loves institution" nous fait pénétrer dans un univers loufoque et étrange qui n'est pas sans rappeler David Lynch, offrant à "Grit" une fin de toute beauté.