The silver album (Morgen, Mittag, Nacht)

Maggi, Pierce & E.J.

par Jérôme Florio le 07/11/2005

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Whale song
Castle walls
Kennison


Un trio de Philadelphie qui depuis dix ans fait preuve d'enthousiasme et d'appétit ! "Silver", leur sixième disque (si(x)lver ?), va se charger de combler le vôtre : il est composé de trois mini-albums, chacun présentant une facette musicale différente. Maggi, Pierce & E.J. s'étaient fait repérer par ici avec "The blue album" (2000), dédié à Jeff Buckley, qui s'était attiré quelques bonnes critiques. L'identité visuelle est invariable : la couleur des pochettes sert à identifier les disques (on a eu droit à un "White album", ha ha !), et sur toutes se détache le dessin de leurs trois visages comme croqués par la main d'un enfant.

Posologie et mode d'emploi de "Silver" : choisissez le mini-album qui correspond le mieux à votre humeur du moment.

Vous êtes sous la couette, c'est le matin, vous désirez un réveil câlin : glissez "Morgen" le bien nommé dans la platine cd. Guitare acoustique, mandoline, triangle et cordes pincées s'y ébrouent dans une fraîcheur désarmante. "It's a simple sunny day", en effet : les trois accords tout simples qui font les chansons se colorent d'une ferveur non feinte. Mention spéciale aux chansons portées par Maggi qui charme par sa voix flûtée ("Michael", "Castle walls"). "Lies behind the sun", d'un psychédélisme tranquille (batterie et guitare électrique envapée rentrent en scène), annonce la suite. Les allusions à la nature, aux éléments se répèteront régulièrement – Maggi, Pierce & E.J., un peu baba-cools, une communauté en modèle réduit.

Le jour s'est levé, vous faites pareil (c'est pas trop tôt, bande de flemmards !) et vous décidez de sortir : il fait bon, vous sentez l'air frais et le soleil sur votre visage. Insérez "Mittag" dans votre baladeur. Là, on se rend davantage compte des différences de caractère dans le trio : à Pierce la guitare tordue et gémissante, hendrixienne (la wah-wah et le solo – oui ! - de "Snowed in with you", un titre plus long qui rompt la cadence). "Kennison" est de la power-pop parfaitement accrocheuse, avec sur la fin un court clin d'oeil au "I'm a boy" des Who. Côté Maggi, une sensibilité acoustique plus douillette et allègre ("A moment", "Music of the sea", avec un rappeur qui passe par là avec ses scratches et son flow). On est ready pour la country : "Ezra's store" est arrangée à la sauce "Harvest" (Neil Young) avec piano, harmonica, section rythmique.

Il fait maintenant bien chaud, vous vous sentez plein d'énergie : poussez le volume avec "Nacht", plus épique. Les riffs de "One hand" et "Pocahontas, Illinois" sont lourds et la guitare hulule. Mais il y a toujours cette candeur poppy au fond des bottes : on pense aux B-52's ("Yippee-I-A"), aux Young Marble Giants ("Untitled"). "Inseine" (titre idéal pour qui mène une vie de fou à Paris !) est dans un état plus planant, Floydien, qui se prolonge en acoustique sur "String of pearls" après un décollage brutal. Un septième titre aux collages fatiguants, "706", vient rompre la parfaite symétrie de "Silver" – le seuil concept qui vaille ici, c'est d'écrire des chansons.

Diagnostic final : parfait plaidoyer pour la mixité et digeste en toutes circonstances, "Silver" est à écouter matin, midi et soir.