Hit Mann! The essential singles 1963-1969

Manfred Mann

par Francois Branchon le 01/03/2009

Note: 8.5    
Morceaux qui Tuent
Pretty flamingo
Mighty quinn
If you gotta go, go now

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Au cours des sixties, derrière les intouchables Stones et Beatles, Manfred Mann (formé par le Sud-Africain à collier de barbe Manfred Lubowitz) surent se faire une place dans les charts anglais et américains, à l'égal des Animals, des Small Faces ou des Kinks. De 1963 à 1969, leur chanteur s'appelle Paul Jones, le grand Paul Jones. Formé au blues et au rhythm & blues avec Alexis Korner, il va contribuer à faire de MM un des meilleurs échos anglais de la musique noire américaine (reprenant Howlin' Wolf, les Shirelles, Amos Milburn, Muddy Waters...). Fort de connaissances et compétences musicales qui faisaient parfois défaut à leurs confrères, Manfred Mann étaient impressionnants sur scène (un passage mémorable - mais malheureusement encore introuvable sur You Tube - à l'émission "Tous en scène" en 1968,), un savoir qui leur permettra de vivre d'autres vies lors de l'extinction du british beat, notamment de devenir au début des 70's, mais sans Paul Jones, un des phares du rock "progressif non chiant" (qui verront leur "Blinded by the light" repris par une Patti Smith en pleine ascension).

Cette compilation signée des Australiens de Raven résume presque à la perfection (il manque quelques standards blues), en 28 titres, la première vie de Manfred Mann, celle des reprises en haut des charts. Car c'est aussi une curiosité, leur paradoxe : ses musiciens étaient doués, mais mis à part la composition de Paul Jones "The one in the middle" qui monta numéro 1 dans les charts anglais, Manfred Mann furent les spécialistes des covers dont on fait des tubes, s'y entendant à merveille pour trousser des arrangements accrocheurs. Et ce dès le départ, avec "Do wah diddy diddy", écrite par Greenwich et Barry pour les Exciters, et numéro 1 par MM sur les deux continents en 1964 (et reprise française la plus stupide de l'Histoire par la pauvre Sheila). Et deuxième curiosité, ce sont leurs reprises de Dylan qui leur réussirent le mieux, une presque incongruité dans le monde du british blues boom. "If you gotta go, go now" (reprise un peu plus tard à son tour par Fairport Convention en "Si tu dois partir"), magnifiquement chantée par Paul Jones, au point d'en faire une version de référence, va en effet monter numéro 2, tout comme "Just like a woman" en 1966, puis "With God on our side".

Mais l'histoire Mann versus Dylan, c'est "Mighty quinn", l'eskimo. Paul Jones avait entendu chez son éditeur les bandes enregistrées par Dylan avec le Band à Big Pink en 1967 (les fameux enregistrements à paraître bien plus tard sous le nom des "Basement tapes"). Craquant pour "Mighty queen", il décide de l'enregistrer. Assaisonnée au psychédélisme de 1968 (la réverb sur les toms basse !!), la chanson va être un des charmes de l'année 1968, numéro 1 en Angleterre (voir l'extrait de Top of the Pops ci-dessous), et tout le monde se demanda de quel single caché de Dylan elle pouvait bien sortir !!

Citons aussi "Pretty flamingo", une des plus subtiles chansons de Manfred Mann (repris sur scène par Costello, Springsteen... et original de "Sur notre plage" de Richard Anthony), les reprises plus jazz ("Watermelon man" d'Herbie Hancock) ou celle de "My little red book" de Burt Bacharach, version choisie par Peter Sellers pour son film "What's new Pussycat en 1965, et qui dit-on servit de modèle à Love...), pour conclure que cette compilation est la première du genre à rendre véritablement justice à Manfred Mann, ne se contentant pas d'en aligner les seuls tubes, même s'ils sont remarquables.



MANFRED MANN Mighty Quinn (Top of the Pops 1968)


ELVIS COSTELLO Pretty flamingo (Live à Montreux)