| | | par Sophie Chambon le 24/03/2002
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| Jusqu'ici intéressé par le difficile exercice d'accompagnateur, et la relecture des standards en trio ou en quintet, voilà que Marc Copland se lance dans l'art du piano solo, une des marques de fabrique du label Sketch. Ainsi dans ses compositions se dévoilent graduellement d'autres états d'âme que ceux de Giovanni Mirabassi ("Avanti") ou René Urtreger ("Onirica"). De ballades rêveuses en cadences brisées, de glissements mélodiques en oppositions nerveuses, se crée une nouvelle alchimie du verbe pianistique. Par ses harmoniques et ses couleurs, "Poetic motion" distille le plus souvent une secrète mélancolie, liée à un art poétique. Puisque sont convoqués pour nous à la table du lecteur devenu auditeur, à moins que ce ne soit l'inverse, Virgile, Prévert, E.E. Cummings, Jules Supervielle, Dylan Thomas. Comme des prédelles précisant l'exposé narratif d'un tableau, les citations poétiques sont disposées au pied d'un texte inédit de Robert Zavatsky "Nevertheless", dont certains mots ou locutions signifiantes sont repris comme titres des neuf compositions de l'album : "Blackboard", "Not going gently", "Bittersweet road", "Dark territory". Irisations de cette musique qui renvoie aux délicates impressions, aux rutilances diverses de la musique française du début du XXème. Avec de brèves rencontres, différents passages de Debussy à Satie, de Chopin à Keith Jarrett ou Bill Evans. Sensibilité romantique, engagement romanesque ? Pas seulement. Marc Copland s'attache à traduire la circulation du sens poétique, et s'il ne se laisse pas envahir par une nostalgie trop encombrante, il sait se souvenir, à travers de délicats échos, où le jazz revient, superbe, comme dans la reprise de cette perle fine de "Naima". Sortir une nouvelle version, particulièrement émouvante de cette ballade favorite, c'est atteindre l'esprit même du jazz, et l'interprétation du "Spartacus love theme" d'Alex North est aussi à inscrire dans cette tentative. Marc Copland a-t-il voulu construire un album conceptuel, un roman poétique fait d'esquisses ? Rien ne saurait mieux convenir au label Sketch qui nous entraîne, avec ce "Poetic motion", dans une aventure esthétique des plus réussies.
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