Self help serenade

Marjorie Fair

par Jérôme Florio le 23/10/2004

Note: 7.0    

"Selfhelp serenade", première réalisation des américains Marjorie Fair, sonne déjà étonnamment bien, sans les maladresses et les approximations que l'on peut (et que l'on aime) trouver sur un premier disque.

C'est la faute à quelques parrains de talent, qui se sont penchés sur le berceau du groupe d'Evan Slamka (guitare, chant, auteur de toutes les chansons). Au premier rang, Jon Brion : musicien et producteur très demandé, responsable du son de beaucoup d'excellents disques de pop US haut de gamme des années 90 - Rufus Wainwright, Fiona Apple, Aimee Mann, Jason Falkner… Brion aime bien ce type de songwriters pop, pour lesquels il se régale de composer un habillage sonore richement arrangé. Il a emmené en studio quelques-uns de ses potes plus âgés, et pas des manches : Billy Preston et Jim Keltner sur un titre ("Hold on to you") - Preston est un pianiste qui a accompagné les Beatles sur l'album "Let it be", et Keltner a tenu les baguettes derrière John Lennon, Bob Dylan, Pink Floyd, Randy Newman… la liste est longue.

On a donc un disque de folk-rock très ample, soyeux et atmosphérique, privilégiant les mid-tempos. Pedal-steel aérienne, effets de guitare spatiaux et spacieux (l'envolée de "Stare", morceau qui tourne en rond assez rapidement) contribuent à créer un son plein et charnu. Dans "Fair" il y a du "Air" (voire du Floyd dans "Hold on to you"), et certains titres ici auraient pu trouver leur place sur la BOF de "Virgin Suicides". Tout cela est très bien fait, mais on se gardera de crier à l'excellence. Si Marjorie Fair était une fille, elle gagnerait sans doute le concours de beauté du lycée. Sous sa tenue parfaitement coupée, elle serait pourtant d'une joliesse assez commune, avec quelque chose de vague dans les yeux, de distant. "Death and beauty at the same time".

Après quelques écoutes admiratives, le disque finit par lasser : il manque ici une personnalité forte, qui saurait dépasser le bel écrin qu'on a construit pour elle. La voix d'Evan Slamka, bien qu'agréable, est lisse, et ses textes assez creux, cosmétiques. "Selfhelp serenade" vaut pour le savoir-faire qui maquille habilement des compositions quelconques en reines de la soirée.