Snake in the radio

Mark Pickerel & His Praying Hands

par Chtif le 01/10/2006

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Forest fire


Suite de notre grande série sur le reclassement des anciens légionnaires grunge : aujourd'hui, Mark Pickerel, premier batteur des Screaming Trees. Une belle entame qui permet à Pickerel de batifoler avec Nirvana sur le premier album solo de son chanteur des Screaming, Mark Lanegan (il était là pour "Where did you sleep last night", et oui !). Depuis 1992, date à laquelle il quitte le groupe de Seattle, on a vu le bonhomme fonder le groupe Truly, tout en répondant à la demande d'autres formations que seuls les plus avertis auront remarqué (Dusty 45's, Dark Fantastic, Neko Case…). Un peu las de jouer les accompagnateurs de luxe, Mark Pickerel se décide enfin à quitter son kit pour passer au premier plan : "Snake in the radio" est le premier album à sortir sous son propre nom.

Soutenu par ses Praying Hands, Pickerel officie désormais bien loin de ses premières amours : le grunge d'antan se dérobe devant une pop au parfum country bien plus assagie, mais pas moins rude. Décidément la country a le vent en poupe en ce début de millénaire, comme si les agités d'antan avaient rongé leur hargne jusqu'à en dévoiler ses racines quinquagénaires.

L'album s'ouvre sur "Forest fire", petite douceur bercée de pedal steel (récurrente sur tout l'album) comme Grant Lee Phillips en a le secret : on y retrouve la même intimité généreuse, le même sentiment de proximité amicale. La relation entre les deux hommes ne s'arrête pas là : on retrouve sur "Snake in the radio " la même atmosphère de foire du trône que sur "Jubilee" de Grant Lee. Sur son site internet, Pickerel va jusqu'à se présenter comme "magician and mortician". De fait, il agrémente son spectacle de petits tours de passe-passe romantique ("I'll wait"), plus rock ("A town too fast for your blues", qui évoque "Paint it black", "Sin tax dance" plus orientée Velvet Underground), ou quasi-surf ("You'll be mine").

Mark Pickerel prend son temps pour installer une ambiance particulière à chaque morceau : si l'on n'échappe pas de-ci de-là à quelques errances un peu mollassonnes, le disque réserve quand même son lot de belles surprises comme ce "Graffiti girl" rétro au chœur féminin entraînant, servi par un petit solo subtil et loin d'être évident. On sent le bonhomme encore un peu hésitant au chant, mais lorsqu'il prend enfin confiance en lui sur "Ask the wind ask the dust", Mark Pickerel réussit à dépeindre un décor désertique à souhait (la touche Mark Lanegan, sans doute). On n'est pas passé loin d'un très grand disque, ça ne saurait tarder.