Sha la love

Martin McFaul

par Jérôme Florio le 21/10/2009

Note: 7.0    

"Sha la la"... cela évoque sans doute plus pour Martin McFaul le refrain d'une sucrerie pop sixties qu'une chanson débile des Vengaboys, ou une autre de Plastic Bertrand. Comme c'est pareil pour nous, on se dit que l'on pourrait bien s'entendre avec lui.

Comme son nom ne l'indique pas, McFaul vient de Göteborg. A l'écoute, rien de suédois non plus. On ne serait pas du tout étonné d'apprendre que Martin McFaul est un cousin de Paul McCartney ; ou bien que Carl Perkins a composé "Blue suede shoes" en plein trip sur la mer Baltique. "Sha la love" est une déclaration d'amour à un rock intemporel, un peu dans l'esprit de ce que fait Matt Ward. McFaul aime visiblement le son des guitares, par exemple celui cristallin et psychédélique de Roger McGuinn (The Byrds) auquel "Robogirl" doit tout – même le picking folk. C'est un bien joli boulot, avec des choeurs féminins au loin et la voix de Martin passée dans un filtre vintage. "Oceans of time" est chantée détachée, avec une rythmique à la guitare acoustique qui rappelle Love... mais c'est bien sûr ! "Sha La Love" porte dans son titre un hommage clair au groupe d'Arthur Lee : quelques espagnolades dans les guitares et des claquements de main suffisent à raviver le souvenir de "Alone again or". McFaul prend le soin de ne pas trop appuyer les clins d'oeil, même si le riff de "Doctors orders" et la simplicité de "Ready to rock" - un rock'n roll basique un peu alourdi et ralenti – ont une allure vraiment très Bolanienne (Marc Bolan, de T-Rex, on pense notamment à "Get it on").
On a peu parlé de la personnalité de Martin McFaul : elle semble se dissoudre dans une vision idéalisée de la pop et du rock sixties, et le disque en viendrait presque à sonner de plus en plus désincarné. "Sha la love" est autant impersonnel que sa facture (écriture, arrangements) est de qualité.

Sur un mode "toi + moi + virée en bagnole + rock'nroll = amour éternel", l'innocence de "Cruisin" ne trompe personne. L'harmonium de "Before I grow too old" jette un éclairage définitif sur "Sha la love" : une tentative de retrouver la fraîcheur d'une période musicale révolue et rêvée - et même enterrée ("Surfboard graveyard") - quitte pour cela à laisser en route son ego. Martin McFaul chérit et cajole peut-être trop son disque pour avoir réellement envie de le partager avec nous.



MARTIN MCFAUL Train (Clip 2006) © Paula Wallmark-Nilsson